Sénégal: le Médiateur de la république sommé de se taire ou de quitter le parti présidentiel

Alioune Badara Cissé, Médiateur de la république du Sénégal.

Alioune Badara Cissé, Médiateur de la république du Sénégal. . DR

Le 05/05/2018 à 13h00, mis à jour le 05/05/2018 à 13h48

Les sorties critiques de maître Alioune Badara Cissé, Médiateur de la république, contre certaines institutions, ont irrité le Secrétariat exécutif national de l’APR. Les responsables du parti présidentiel le somment de se taire ou de quitter le navire présidentiel.

Le Secrétariat exécutif (SEN) de l’Alliance pour la république (APR), le parti du président Macky Sall, a très mal accueilli les critiques de maître Alioune Badara Cissé, Médiateur de la république, à l’égard des institutions du Pays. Il les qualifie de violation du droit de réserve et demande au président Macky Sall de le démettre de cette fonction qu’il occupe depuis 2015.

Dans un communiqué parvenu à la presse sénégalaise, et signé par Seydou Guèye, secrétaire général du gouvernement, les membres du SEN de l’APR, ont demandé au Médiateur de la république de ne plus se prononcer contre les institutions.

«Les sorties récurrentes de Monsieur Alioune Bdara Cissé, Médiateur de la république, contre les institutions de notre pays, relève d’un positionnement politique militant incompatible avec sont statut, constituant en même temps une atteinte grave au devoir de réserve que lui impose ses hautes fonctions», lit-t-on dans le communiqué. Les partisans du président Macky Sall jugent que «de tels dérapages sont inacceptables».

Un franc-parler qui dérange au sein du SEN de l’APR

Maître Alioune Badara Cissé est membre fondateur de l’Alliance pour la république (APR) de Macky Sall, et est connu pour ne pas faire dans la langue de bois. Il a été démis, sans avertissement, de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, lors de son pèlerinage à la Mecque en 2012.

Il occupe le poste de Médiateur de la république depuis le 5 mai 2015. Mais sa position institutionnelle ne l’empêche pas de faire des griefs à Macky Sall, son vieux compagnon et à la justice sénégalaise. «Quel que soit le poste de responsabilité que vous occupez, vous restez toujours un citoyen. Donc avant d’être médiateur, nous sommes d’abord Sénégalais», avait-il déclaré lors d’une conférence de presse.

A ce titre, il avait ainsi vivement critiqué la mauvaise organisation, par le gouvernement, des élections législatives de juillet 2017. Selon lui, «ce qui s’était passé au mois de juillet lors des élections législatives, tout le monde sait que c’est anormal. Les cartes d’électeurs étaient introuvables. Le gouvernement a le devoir de résoudre ce problème, parce que c’est inadmissible. Je demande aux autorités de la République du Sénégal et au ministère de l’Intérieur de prendre en charge cette question».

Mais le Médiateur de la république n’en est pas à sont coup d’essai. Déjà, peu avant la condamnation de Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, par le Crei, l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise avait dénoncé le caractère politique de cette affaire. «La Crei va condamner Karim Wade, car c’est un procès fondamentalement politique», avait-il soutenu.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 05/05/2018 à 13h00, mis à jour le 05/05/2018 à 13h48