Sénégal. Sit-in de l’opposition: plusieurs responsables arrêtés

Sénégal : marche de l'opposition. dr

Le 05/09/2018 à 11h03, mis à jour le 05/09/2018 à 11h04

Les manifestants ont été systématiquement dispersés au gaz lacrymogène par les forces de l'ordre. S'ensuivront beaucoup d'arrestations, dont plusieurs leaders politiques.

Cet après-midi, les forces de l’ordre sénégalaise, armés de casques, boucliers, gaz lacrymogènes et surtout d'imposantes matraques se sont encore montrées d'une rare violence. Elles n'ont fait qu'une bouchée des manifestants récalcitrants du Front national de résistance. Les éléments du Groupement mobile d'intervention (GMI), la force anti-émeutes, ont permis à l'opposition de crier victoire, en insistant sur le recul de la démocratie sénégalaise.

Car, en somme, les manifestants ne cherchaient qu'à montrer l'image répressive du régime de Macky Sall, qui a interdit toutes les manifestations pacifiques des acteurs politiques depuis qu'il est à la tête de l'Etat. Sur les réseaux sociaux et dans les médias sénégalais, on montre surtout la vidéo de Mamadou Diop Decroix, de l'Aj/PADS qui est de toutes les luttes depuis 1968. Il a été traîné sur le macadam par les forces de l'ordre, ce qui lui attire un plus grand soutien de l'opinion publique. 

Plusieurs autres leaders de l’opposition ont été arrêtés par la police. Après Oumar Sarr, du Pds, Thieno Bocoume et Déthié Fall du parti Rewmi de l’ex-Premier ministre, Idrissa Seck ont été appréhendés et conduits au commissariat central de Dakar.

Les manifestants retranchés aux alentours de la gare routière de Lat Dior ont été assaillis par les forces de l’ordre lourdement armées qui les ont violemment dispersés. 

L’opposition réunie au sein du Front national de résistance avait programmé un sit-in devant le ministère de l’Intérieur pour manifester contre la révocation de Khalifa Sall à la mairie de Dakar, par un décret de Macky Sall. Mais, comme à son habitude, le préfet de Dakar avait interdit la manifestation.

Oumar Sarr et ses camarades assimilent la décision de Macky Sall à un «abus de pouvoir». Ils dénoncent également le rejet, par les services du ministère de l’Intérieur, de l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales, ce qui l'exclut du coup de la course à la présidentielle.

En organisant ce sit-in, les leaders de l’opposition veulent visiblement maintenir la pression sur l'exécutif afin d'obtenir la confirmation des candidatures de Khalifa Sall et Karim Wade à la présidentielle du 24 février 2019.

Le front national de résistance doute également de la volonté du ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, d’organiser des «élections libres et transparentes» et réclame la mise en place d’une commission indépendante chargée du prochain scrutin présidentiel.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 05/09/2018 à 11h03, mis à jour le 05/09/2018 à 11h04