Vidéo. Sénégal. Les pro-Macky Sall recrutent des nervis pour mater l'opposition

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Le 23/01/2019 à 11h26, mis à jour le 23/01/2019 à 11h28

VidéoLes Sénégalais se dirigent sans aucun doute vers des élections sous très haute tension. L'opposition et la coalition au pouvoir se livrent depuis quelques jours à des invectives et tout porte à croire que cette situation, déjà tendue en cette période pré-électorale, s'achemine vers l'escalade.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos circulent, montrant des milices habillées aux couleurs marron et beige de Benno Bokk Yaakar, la coalition au pouvoir. Et cette inscription sur leur T-shirts est sans équivoque: "les Marrons du feu". 

Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'internautes se sont indignés de voir autant d'hommes, à la musculature impressionnante, recrutés pour tenter d'intimider les militants de l'opposition.

"Non vous n'êtes en Haiti, au pays des Tonton Macoute, vous êtes bel et bien au Sénégal en 2019", s'offusque Cheikh Doudou Mbaye, un militant de Rewmi, le parti d'Idrissa Seck, qui fait partie des 5 candidats retenus pour l'élection présidentielle de février prochain. 

D'autres internautes n'ont pas hésité à d'ores et déjà comparer ces recrues en uniforme aux milices des Interahamwes, qui avaient fait leur apparition au Rwanda en 1994, ou au mouvement politique des Inbonerakure, partie prenante des évènements du Burundi de 2014. 

Non vous n'êtes pas en Haiti au pays des Tonton Macoute, vous êtes bel et bien au Sénégal en 2019. Au pays de son Excellence Macky Sall où la Jurisprudence Ndiaga Sylla n'aura servi à rien sinon que de regler des comptes politiques. Cette milice appelée Marron du feu va d'abord s'entretuer en amont entre militants de Mame Mbaye Niang, Diouf Sarr et Amadou Ba pour la conquête de Dakar avant de vouloir casser de l'opposition sous le prétexte de la loi du Talion. Oui Chers amis, la loi du Talion n'a jamais rien réglé sinon que de faire davantage de Manchots, d'aveugleset de borgnes. J'ai honte pour mon pays où l'autorité qui doit faire la loi est totalement absente..j'aurai été même surpris de lire des condamnations suite à la sortie de Ministres de la République faisant l'apologie de la violence.. Que l'opposition veuille allez en guerre contre la campagne du Président de la République est une hérésie que toute personne sensée a condamné et décliné, il devrait en être de même pour cette milice de trop. Vous serez tenus responsables de la mort ou violence perpétrée contre tout citoyen qui userait de son droit de protester. On me dit que l'opposition devrait aussi recruter des nervis mais avec les armees de Modou Kara mbacke, des Moustachidines, aujourd'hui des bras armés de Ministres devons nous aller dans l'escalade de la violence..qu'ils existent depuis 2009 et ressuscités en 2019 est juste anormal. Force doit rester à la loi Non c'est triste, cette annonce dans un état de droit devrait pousser le procureur dormant à enfin se reveiller mais nous pouvons toujours rever. En attendant, puisque la loi de la jungle fera office de justice, citoyens que chacun se defende Triste pays, offrez du boulot à cette jeunesse perdue et sans espoir au lieu d'en faire des criminels. Cheikh

Posted by CheikhDoudou Mbaye on Wednesday, January 23, 2019

Hier, mardi 21 janvier, dans une interview accordée à un quotidien Sénégalais Source A, le ministre sénégalais du Tourisme, Mame Mbaye Niang, a mis en garde l'opposition contre toute tentative de perturber la campagne du candidat Macky Sall.

"On est prêt à faire face. Moi, personnellement, j'ai procédé au recrutement de "gros bras" qui ne vont pas s'attaquer à des personnes mais qui seront très enclins à lapider tous ceux [qui] trouveront un malin plaisir à s'en prendre à la caravane de mon leader Macky Sall", a-t-il fermement déclaré.

Sauf que les faits démontrent que cette milice verse dans l'agression de citoyens innocents... 

Dans l'après-midi de mardi dernier, en effet, une vidéo diffusée sur Facebook montre "des villageoises assises sur le bord de la route et portant des brassards rouges en signe de protestation, [qui] ont été prises à partie par des nervis", selon la voix off qui décrit cette scène en wolof, la principale langue utilisée le pays.

Ce groupe, composé de plusieurs femmes attendait ainsi le passage du président Macky Sall, qui devait inaugurer une route. Mais la milice de Benno Bokk Yaakar ne les a pas laissées faire. 

Cette situation, inédite à ce jour dans l'histoire du pays, n'est toutefois pas à prendre à la légère.

Un risque de basculement vers une situation de violences est patent, comme d'ailleurs ce fut le cas lors de la présidentielle de 2012.

Le Parti démocratique sénégalais (PDS, que conduisait Abdoulaye Wade) avait alors recruté des nervis appelés "Les Calots Bleus" qui jouaient un rôle çidentique à celui joué aujourd'hui par ces milices en T-shirt marron et beige: l'intimidation de l'opposition.

Voici 7 ans, les "Calots Bleus" s'étaient attaqués à la Mairie du Sacré-Coeur à Dakar, dont l'édile, Barthelémy Dias, est connu pour être en permanence armé. L'affrontement qui s'en était suivi avait conduit à la mort d'un "Calot Bleu"...

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 23/01/2019 à 11h26, mis à jour le 23/01/2019 à 11h28