La guerre de communication entre pharmaciens et tradipraticiens est relancée au Sénégal. A ce titre, Eric Gbodoussou, président de Prometra International, une organisation non gouvernementale qui s’est donné pour mission de réintroduire de façon réfléchie et judicieuse les médecines traditionnelles dans les programmes de santé nationaux des pays africains, attire l’attention des Sénégalais sur les médicaments contenant des parabènes, des substances cancérigènes, vendus dans leurs pharmacies. Il dénonce le danger que représente la prise de certains produits pharmaceutiques occidentaux au détriment des plantes médicinales et médicaments traditionnels africains.
Le renouveau des médicaments traditionnels
«Aujourd’hui, il y a plus de 400 médicaments qui sont interdits de vente en Europe et aux Etats-Unis parce que des scientifiques ont montré que ces médicaments contiennent des parabènes (substances cancérigènes). Ces médicaments sont en vente dans nos pharmacies», a fait savoir Eric Gbodoussou, président de Prometra International.
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Selon lui, il est temps que le continent africain cesse d’être considéré comme la poubelle des industries pharmaceutiques européennes et plus particulièrement françaises qui ont forcément besoin de débouchés en Afrique.
«Il est évident que les médicaments pour l’Afrique ne sont pas les mêmes médicaments pour l’Europe», a affirmé Eric Gbodoussou, à Fatick, ce samedi 23 juin 2018, en marge d’un panel sur la problématique des médecines traditionnelles et la phytothérapie.
A l’en croire, l’efficacité des médicaments traditionnels pour le traitement de certaines maladies comme le paludisme entraînera forcément la perte d’une bonne partie du marché africain pour les firmes pharmaceutiques européennes. C’est ce qui explique, selon le président de Prometra International, le manque de volonté de l’industrie occidentale dans la recherche pour l’éradication de certaines maladies sur le continent. Il invite ainsi les médecins traditionnels africains à une prise de conscience sachant que la solution au paludisme ne viendrait pas des pays occidentaux où cette maladie n'existe plus.
Un cadre réglementaire pour la médecine traditionnelle
Il est clair que la médecine traditionnelle africaine et la médecine conventionnelle ont leur qualité, mais elles ont aussi leurs limites. Plusieurs spécialistes appellent ainsi à une certaine complémentarité entre ces deux types de médecines. Cette thèse est défendue par le professeur cardiologue Abdou Kane, président du Conseil national pour la santé et l’action sociale (COSAS).
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Selon lui, «l’Afrique regorge de substances naturelles qu’on appelle l’or vert qui pourrait servir une médecine. Cela suppose que cette médecine soit évaluée et si cela est fait, on pourrait envisager une coopération entre les deux (médecine traditionnelle et médecine conventionnelle) à condition que leur efficacité soit prouvée».
Mais pour réussir un tel pari, une réglementation de la médecine traditionnelle s’impose, déclare-t-il. «Des charlatans, des personnes qui n’ont aucune compétence se sont installés dans ce champ de la médecine traditionnelle. Il faudrait donc, délimiter le champ d’action de la médecine traditionnelle, définir ceux qui ont le droit de l’exercer, faire en sorte que ces charlatans ne puissent plus exercer et que cette publicité tapageuse qu’on connaît aujourd’hui ne puisse plus avoir lieu», a-t-il soutenu à l’occasion de l’Assemblée générale de la Coalition nationale pour santé et l’action sociale.