Eddy Heindrickx Mayombo se réveille avant l’aube et entame sa routine quotidienne en allant chercher des cartons et d’autres matériaux qui grossissent les poubelles.
Dans la rue, l’artiste ramasse donc tous les déchets utiles à ses toiles. «Je vais chez les boutiquiers ou dans les grandes surfaces pour voir ce qu’ils mettent dans leurs poubelles. Je fais le tri pour voir ce qui peut m’intéresser et convenir à mon travail», confie, Eddy.
Face à un cycle récurrent des crise de déchets à Libreville, il a pris le pari de convertir en magnifiques pièces artistiques, ce que plus d’un consommateur considère comme de simples rebuts ménagers.
Eddy Mayombo, le génie du carton recyclé.. le360 Afrique/Ismael
Après une fructueuse randonnée, il prend la direction de son atelier du quartier Bambou Chine. Le parcours d’Eddy a commencé il y a plusieurs années, lorsqu’une religieuse brésilienne, Inacia Donsatos, qui rendait visite à sa famille, a remarqué sa fascination pour le papier et l’a initié à l’art du pliage inspiré de l’origami.
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Cette étincelle a déclenché une passion qui l’a conduit à affiner la technique et à l’appliquer à divers matériaux. «Elle m’a enseigné la technique du pliage et, à partir de là, je l’ai développée, j’y ai apporté ma propre touche et je l’ai adaptée à mon inspiration. Aujourd’hui, je peux faire beaucoup de choses, des lampes, des sculptures, des pièces de design, des fantaisies etc», précise-t-il.
Visiblement, pour le jeune sculpteur, chaque déchet porte en lui une histoire, une empreinte de la société. Quand il s’agit de transformer les déchets en œuvres d’art, sa créativité ne connaît plus de limite. Entre ses mains, emballages, journaux, canettes deviennent les éléments constitutifs de ses sculptures.
Mais Eddy ne vit pas encore pleinement de son art. «J’en survis. Parce que pour vivre de son art ici, il faut tout un environnement. Vous connaissez la réalité de la culture dans notre pays. Je ne trahis pas de secret. On espère vraiment qu’avec les choses qui sont en train de bouger, les choses iront dans le bon sens. Et je reste ouvert à toute forme de contribution. Mais entre-temps, je ne reste pas les bras croisés», déclare, Eddy.
Le défi du sculpteur est à la hauteur de l’ampleur de la production des déchets urbains de la capitale gabonaise. La moyenne des résidus issus des ménages à Libreville est estimée à 700 tonnes par jour.