Alors que le gouvernement défend une mesure d’assainissement des finances publiques, certains y voient une décision précipitée aux conséquences mal évaluées. Pour Hans Teddy, étudiant à Libreville, cette réforme ne s’attaque pas au vrai problème. «Les propriétaires de ces immeubles sont d’anciens dignitaires du pays. Pour moi, ces bâtiments leur servent de prétexte au blanchiment d’argent.»
Entre 2013 et 2025, les allocations annuelles de l’État pour les loyers sont passées de 6,7 à plus de 25 milliards de FCFA, avec 28,3 milliards d’arriérés accumulés. Une réforme qui suscite des réactions contrastées.
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Du côté des observateurs politiques, les critiques portent sur le manque de préparation de la mesure. Thierry Essam, activiste et blogueur, nuance. «Dès lors que vous suspendez les baux administratifs alors que l’État n’est pas encore propriétaire, cela engendre un cumul de dettes dont on ne s’en sortira pas. Le ministre a peut-être de bonnes intentions, mais il faudrait que l’assainissement soit mieux structuré et réfléchi.»
En revanche, certains experts saluent la volonté de rediriger les fonds vers des projets prioritaires.
L’économiste Michel le Prince Zeng défend cette perspective. «Les économies générées par cette réforme pourraient servir à financer plusieurs projets. Par ailleurs, les urgences en matière d’infrastructures à Libreville sont énormes, il faut donc investir massivement. Le budget 2025 du Gabon prévoit des investissements à hauteur de 529 milliards.»
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Entre soupçons de détournement, craintes d’un endettement accru et espoir de réallocation budgétaire, la réforme des baux administratifs continue de faire débat. Reste à savoir si elle atteindra son objectif : maîtriser les dépenses publiques sans pénaliser l’économie locale.