Montréal: le consul d’Algérie et sa femme accusés d’«esclavage», de «maltraitance» et de «harcèlement»

Elida et Merisa, les deux victimes présumées du Consul général d'Algérie à Montréal, Noreddine Meriem (en médaillon), et de sa femme.

Le 08/03/2023 à 09h28

Deux employées de maison traînent le consul général d’Algérie et sa femme devant la justice canadienne. Elles réclament un demi-million de dollars au couple.

Selon la presse canadienne, Elida et Marisa, deux Sud-américaines recrutées comme employées de maison par le ministère des Affaires étrangères algérien pour le domicile du consul, accusent ce dernier et sa femme de les avoir exploitées et humiliées. «Les plaignantes, Marisa Amaya, 65 ans, et Elida Rivera Lopez, 69 ans, allèguent avoir été victimes de harcèlement psychologique, d’abus de pouvoir, d’insultes, de cris et d’humiliation de la part du consul et de son épouse. Elles ont travaillé au consulat jusqu’au printemps 2021», rapporte Le Journal de Montréal.

En tout cas, cette affaire fait les choux gras de la presse canadienne depuis une semaine et le couple essaie, par tous les moyens, de nier les faits qui leurs sont reprochés.

Les deux employées affirment avoir été traitées en «esclaves» par Noreddine Meriem et sa femme dans leur résidence. «C’était des humiliations constantes», disent-elles au Matin d’Algérie qui les a interrogées au sujet de leurs accusations.

Et d’ajouter, dans le même journal : «Nous sommes des employées du ministère des Affaires étrangères algérien et pas celles de la femme du consul, nous expliquent-elles. Nous étions obligées de nous rendre à la résidence du consul pour faire à manger et effectuer des tâches ménagères pour la famille du consul comme du repassage, nettoyage ou du rangement de toutes sortes. Lorsqu’on expliquait que notre contrat ne comprenait pas les tâches ménagères de la famille, l’épouse du consul nous criait dessus en affirmant que c’était son mari qui les payait et qu’elles devaient se soumettre à ses volontés sans quoi elles seraient licenciées».

En fait, le consul, sa femme et leur quatre enfants habitent une «luxueuse résidence sur trois étages» dans laquelle servir d’employées de maison n’est pas de tout repos. Les deux victimes présumées affirment qu’elles avaient l’obligation de la «faire briller». «L’énorme résidence en question comportait sept salles de bain qu’on devait nettoyer aussi», précisent-elles.

Elles sont employées aux frais du ministère algérien des Affaires étrangères depuis longtemps, mais c’est avec le couple Meriem que les problèmes de maltraitance ont commencé à partir de 2019, toujours d’après leur propre version relatée par la même source.

«C’est à l’arrivée du consul Noureddine Meriem, en 2019, que tout a basculé et que nos vies ont été chamboulées. Nous avons tenté d’approcher le consul pour le mettre au courant des agissements intolérables de son épouse, il nous a carrément renvoyées de son bureau», dit Marisa.

C’est pour le couple de diplomates, l’erreur que les deux employées ne devaient pas commettre, car à partir de ce moment précis, leurs «vies étaient devenues un enfer». La surveillance vidéo sera de rigueur. «Humiliations, paroles dégradantes, harcèlement, propos racistes… nous nous sommes senties indésirables, on voulait nous casser psychologiquement», précise la femme de 70 ans.

«Quand je voyais les Algériens manifester devant le consulat lors du Hirak, je pleurais, parce que je sais ce qu’est l’oppression et le courage qu’il faut pour y faire face. J’aime les Algériens et j’en connais personnellement, mais ce consul a sali l’image de son pays», avant de fondre en larmes, affirme toujours la bonne dame écrit le journal.

«C’était de l’esclavage, j’ai pleuré pendant des nuits. Je me suis sentie dévalorisée» déplore toujours Marisa en sanglots, continuant de livrer un témoignage glaçant. Car, elles devaient travailler même en cas d’arrêt maladie prescrit par un médecin.

«J’ai eu une fracture à l’épaule, raconte Elida, ce qui nécessitait normalement un arrêt total de plusieurs mois. Mais on nous a obligées à travailler sans ménagement et sans aucune empathie. Je ne dors plus sans médicaments depuis ce jour-là. Ma vie n’est plus la même».

En tout cas, les deux femmes réclament la rondelette somme de 452.452 dollars canadiens au gouvernement algérien, plus précisément au ministère des Affaires étrangères. Le diplomate Noureddine Meriem, brandit son immunité diplomatique pour échapper à des poursuites à titre personnel. En effet, écrit le Journal de Montréal, «dans un document déposé au palais de justice de Montréal il y a quelques jours, l’État d’Algérie a laissé entendre qu’il disposait d’une immunité, sans toutefois se prononcer sur les allégations».

Par Ismail Traoré
Le 08/03/2023 à 09h28