Niamey: les horlogers à l’heure des smartphones

Un présentoir de montres à Niamey.

Le 06/05/2024 à 12h28

VidéoL’avènement du smartphone illustre à la fois les défis de l’adaptation aux nouvelles technologies dans les villes africaines, et la fragilité du secteur informel. A Niamey, le smartphone menace l’horlogerie traditionnelle, une activité qui tente de résister à l’usure du temps. Mais rien ne peut empêcher les aiguilles de tourner.

L’omniprésence des téléphones portables a considérablement modifié les habitudes des Nigériens. De nombreux citoyens se fient désormais à l’horloge de leur smartphone plutôt qu’à la bonne vieille montre-bracelet. Ce changement de comportement impacte sérieusement le secteur informel de la vente et de la réparation de montres à Niamey, le menaçant même de disparition.

Hamma Abdoulkader, citoyen nigérien, en témoigne, «Nous avons une montre dans tous les téléphones portables, c’est plutôt pratique et qui permet de se passer d’une montre

Le téléphone portable est devenu un objet omniprésent, indissociable du mode de vie urbain contemporain. Son adoption massive a engendré de nouveaux usages et une dépendance accrue, remplaçant des objets autrefois incontournables, comme la montre. Cette transition technologique reflète une évolution des comportements de consommation et des modes de vie liés à la sédentarisation croissante et à l’urbanisation rapide en Afrique.

Impact économique sur le commerce

Almoctar Seyni et Hamidou Seyni, revendeurs de montres, font état d’un ralentissement drastique de leur activité. «On peut faire 3 jours successifs sans vendre ne serait-ce qu’une seule montre. Avec la prolifération des téléphones portables, les gens peuvent désormais se passer de la montre, et c’est justement ce qui gêne notre activité», explique Almoctar Seyni, revendeur de montres à Niamey. «C’est vraiment difficile. Il y a 5 à 10 ans, les affaires marchaient beaucoup mieux», ajoute Hamidou Seyni.

Chaibou Sidikou, réparateur, confirme, «De nos jours, la réparation des montres ne compte plus parmi les activités qui nourrissent leurs hommes dans ce pays. Plusieurs ateliers ont fermé ces dernières années.»

L’essor fulgurant du téléphone mobile a déstabilisé un pan entier de l’économie informelle nigérienne, fragilisant la subsistance de nombreux artisans et commerçants spécialisés dans l’horlogerie traditionnelle. Face à cette concurrence technologique, la résilience de ce secteur repose sur sa capacité d’adaptation et de diversification.

Comme le souligne Chaibou Sidikou, «Ceux qui résistent sont dans l’obligation de faire parallèlement une autre activité, personnellement je fais aussi la réparation des téléphones pour pouvoir mieux m’en sortir

Cette diversification des activités, voire une réorientation complète, semble désormais incontournable pour assurer la pérennité économique de ces petites entreprises familiales face à la disruption engendrée par le numérique.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 06/05/2024 à 12h28