Avec ses hangars couverts de bâche et ses chaises en plastique, Boulbes ressemble en touts points aux autres artères de Libreville. En touts points? Pas vraiment si l’on sait que c’est l’un des rares lieux de la capitale où les clients peuvent commander du poisson frais. Des clients de toutes les catégories sociales fréquentent le site: cadres moyens ou supérieurs de l’État, ouvriers, conducteurs de taxi ou encore les incontournables mais bienvenus vendeurs à la sauvette.
Et dans un contexte économique difficile, impossible d’échapper au marketing agressif du réseau de rabatteurs qui officient au Boulbes. Judith Massandi, la quarantaine révolue, fait partie de ceux qui accueillent et surtout qui orientent les clients vers tel ou tel l’établissement. La quadragénaire se présente comme l’une des doyennes de cette chaîne et peut compter sur son carnet d’abonnés.
«On se dispute les clients. Mais ils ne sont pas obligés de nous suivre. C’est le client qui fait le choix», explique-t-elle.
Dès le début de l’après-midi, pour déguster un poisson braisé arrosé de boissons locales, il faut faire une virée au Boulbe, là où on propose du poisson de différentes espèces. «On part dans différents débarcadères. Parce que ce n’est pas tous les jours qu’on trouve du poisson frais. Et sans poisson frais, pas de clients», prévient, Martin Oyono, l’un des nombreux professionnels de la braise affairé à préparer de quoi satisfaire sa clientèle. L’atmosphère du site est plus festive les week-ends.
Les bars du Boulbes se livrent à une concurrence effrénée pour accrocher les clients. Landry, habitué des lieux apprécie particulièrement cette chaude ambiance: «Là, on va se retrouver entre collègues pour partager un moment de plaisir et de détente après une semaine de travail. Je vais manger du poisson bar à longue tête», lance-t-il en direction du maître braiseur.
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L’affluence sur le site complique parfois la circulation automobile. Junior et d’autres jeunes sans-emploi du quartier en ont fait une activité génératrice de revenus. «On est là pour orienter les véhicules pour ceux qui veulent se garer. En même temps, on les emmène manger du poisson», dit le jeune homme qui gagne en moyenne 5.000 francs par soirée.
Le succès de cet espace commerçant long d’une centaine de mètres est dû à son climat chaleureux. Ici l’alcool coule à flots et la musique incessante. Pour des envies gourmandes les barbecues sont installés entre ou devant les bars. Les étalages débordent de poissons pour ravitailler les clients qui veillent jusqu’à tard le soir.