Depuis quelques jours, une opération de désencombrement visant à libérer les emprises publiques et lutter contre l’anarchie, notamment dans les marchés et les grands carrefours routiers, est lancée à l’échelle nationale
A Dakar, si plusieurs quartiers sont concernés, c’est le marché Colobane, où les tabliers et les marchands ambulants se comptent par plusieurs centaines, qui a attiré l’attention. Ils sont plus de 3000 à y gagner leur vie quotidiennement. Une bonne chose pour l’économie du pays, estiment nos interlocuteurs. Toutefois, à cause des occupations illégales des espaces publics, notamment les routes et les trottoirs, ces marchands ambulants et tabliers sont accusés de bloquer la circulation des personnes et des véhicules, voire de causer des accidents et des désagréments aux riverains.
Raisons qui ont poussé les nouvelles autorités du pays, dans le cadre d’assainissement visant à rendre les espaces publics aux citoyens à déguerpir les occupants illégaux de ces espaces.
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Une semaine après les déguerpissements au marché Colobane, les stigmates sont encore visibles. Les marchand ambulants et tabliers déclarés persona non grata par les habitants du quartier et évacués par les autorités dénoncent un acharnement contre eux, en accusant la municipalité en complicité avec le collectif des habitants du quartier.
Les tables et cantines ont été broyées par les engins de la mairie de Gueule Tapée, Fass et Colobane, jetant des milliers de vendeurs de bric et de broc hors du marché. Ceux-ci estiment que les dégâts occasionnés par ces déguerpissements sont énormes et les évaluent à des centaines de millions de francs CFA.
Face à la colère des déguerpis, le Premier ministre Ousmane Sonko, dépêché par le président Bassirou Diomaye Faye, a promis des financements aux marchands ambulants. Une bonne initiative selon ces derniers qui invitent toutefois les autorités à leur trouver une solution d’urgence en attendant. Ils veulent qu’on leur trouve un coin où les reloger.
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La prise en charge des marchands ambulants a toujours été une patate chaude entre les mains des différents régimes qui se sont succédé au Sénégal depuis l’indépendance. Le gouvernement actuel, qui a toujours critiqué la manière de faire des autres régimes, hérite aujourd’hui du dossier pour lequel des solutions sont attendus, aussi bien par les marchands ambulants et tabliers qui perdent leur seul gagne-pain que des citoyens qui souhaitent retrouver leur espace public.