Après deux années marquées par la crise sanitaire, le tourisme tunisien se reprend. Du début de l’année à la date du 10 septembre courant, les arrivées de touristes ont augmenté de 161,4% par rapport à la même période de l'année dernière pour atteindre 4,1 millions de visiteurs, selon les données distillées par le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine.
Parallèlement à la hausse des arrivées, les nuitées ont augmenté de 148,2% à 12,73 millions. Toutefois, ce nombre est en recul de 39,4% par rapport à 2019. Au niveau des recettes touristiques à fin août 2022, l'on fait état de 2,67 milliards de dinars tunisiens, soit 876 millions de dollars, en hausse de 82% par rapport à la même période de l’année dernière. Mais cette hausse reste en fort recul de 29,4% par rapport à 2019, année de référence, 2020 et 2021 ayant été marquées par les effets catastrophiques de la pandémie du Covid-19 sur le secteur, qui a perdu 9 milliards de dinars.
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Fort de cette reprise, le ministre a assuré que les performances réalisées par le secteur vont dépasser les objectifs fixés pour 2022, à savoir atteindre 50 à 60% du niveau d’activité de 2019. «Cet objectif a été atteint et même dépassé dans certaines régions», a-t-il expliqué.
Au-delà des effets de la crise sanitaire, le secteur touristique tunisien continue de pâtir de son positionnement stratégique en tant que destination de tourisme de masse. Et celui-ci bénéficie surtout aux tours opérateurs (TO) étrangers qui poussent les hôteliers tunisiens à la concurrence et au bradage des tarifs aux dépens de la qualité des services dispensés aux touristes. En effet, les touristes européens peuvent, avec 450 euros, bénéficier d’un séjour d’une semaine en all inclusive. Ce qui explique la faiblesse des recettes touristiques du pays.
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Ce bradage des prix profite aux TO étrangers qui misent sur la masse. Seulement, ce tourisme «bon marché» a des impacts négatifs sur le secteur touristique tunisien, et plus précisément sur les hôteliers qui font face à des taux d’occupation encore bas et à des charges d’exploitation importantes comparativement aux recettes. Du coup, les hôteliers ont du mal à investir dans leurs établissements et à améliorer la qualité du service.
Cette situation, combinée à l’impact du Covid-19, s’est traduite par la faillite de plus de 350 unités hôtelières en Tunisie entre 2018 et 2022. Et selon les professionnels du secteur, les faillites vont concerner davantage d'hôtels du fait d'un manque de soutien des autorités.