Une fois de retour à Rabat, à la fin de son périple africain, Mohammed VI aura réalisé l’équivalent d’un tour de la Terre, soit quelque 40.200 km. Pour le moment, le souverain marocain qui se trouve à Antananarivo, pour assister à la conférence de la francophonie en a déjà parcouru un peu plus de 24.000. Toujours au chapitre des chiffres, il convient de rappeler que c’est une délégation de 503 personnes, dont 450 hommes d’affaires, qui participe à cette tournée.
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Mais au-delà des chiffres, toutes les étapes de cette tournée revêtent un caractère historique. Il y a d’abord eu le Rwanda, ensuite le Sénégal ou l’Ethiopie qui sont à marquer d’une pierre blanche. Mais, l’une des étapes à venir, notamment le Nigeria sera tout aussi importante. Car, Abuja a toujours été plus proche d’Alger que de Rabat. Le Nigeria avec ses 170 millions d’habitants est tantôt la première tantôt la deuxième puissance économique du continent. Il serait incongru d’avoir les ambitions que nourrit le Maroc pour le continent et de continuer à l’ignorer. Mais cela c’est pour la troisième partie de la tournée de Mohammed VI qui prendra fin en Zambie en début décembre prochain.
Pour ce qui est de la première étape, aujourd’hui, Paul Kagamé est devenu le chef d’Etat incontournable sur le continent. C’est à lui qu’a été confiée la réforme de l’Union africaine. Le chef d’Etat charismatique de l’un des plus petits Etats d’Afrique par la superficie, a montré qu’il sait s’entourer de compétences triées sur le volet. "Kagamé c’est l’un des rares chefs d’Etat africains qui sait tenir tête aux puissances occidentales, d’où l’importance de l’alliance qui le lie avec le roi du Maroc", analyse pour Le360 Afrique, Babacar Justin Ndiaye, politologue sénégalais. En outre, le Rwanda est dans une phase de forte croissance économique depuis une décennie. Le pays est promis à un avenir de puissance régionale dans cette zone aux confluences de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Est.
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Il y a également l’étape de la Tanzanie, pays qui enregistre une croissance pratiquement aussi forte que celle du Rwanda, mais qui en plus compte près de 50 millions d’habitants. De par son poids démographique et sa position géographique au sud de la Corne de l’Afrique, mais également de l’Est du continent, la Tanzanie est un incontournable pour qui cherche des partenaires sur les plans diplomatique et économique.
Mohammed VI était déjà parti 8 fois au Sénégal. Néanmoins, ce voyage au pays de la Teranga a ceci de particulier, que le souverain marocain a choisi d’y prononcer son traditionnel discours de la Marche verte, qui marque l’anniversaire de la récupération de ses provinces du Sud, occupées jusqu’en 1975 par l’Espagne. D’ailleurs, cette tournée africaine est étroitement liée à cette cause des régions du Sud du royaume chérifien. Car, le Maroc entend réintégrer, en janvier prochain lors du sommet d’Addis Abeba, sa famille naturelle africaine en redevenant membre de l’Union africaine, après 32 ans d’absence. Il avait quitté l’OUA en 1984, après l’acceptation de la RASD au sein de l’organisation panafricaine.
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Dans ces 24.000 premiers kilomètres, il faut également compter la visite de courtoisie que Mohammed VI a rendue à Ali Bongo après sa réélection pour un nouveau mandat de 7 ans. Juste avant de se rendre au Sénégal, Mohammed VI avait bifurqué à Libreville pour quelques jours. Le Gabon est l’un des meilleurs alliés du Maroc et montre un soutien sans faille dans sa démarche de réintégrer l’UA.
Quant à l’étape éthiopienne, elle revêt un caractère d’une grande importance. Puisqu’Addis Abeba est à l’Union africaine, ce que Bruxelles est à l’Union européenne ou que New York est aux Nations unies. Cette visite prépare donc tout ce qui doit venir dans les prochains mois. Comme partout, le Maroc en a profité pour jouer la carte de la diplomatie économie. C’est là que sera réalisé le plus grand investissement d’OCP Group, le marocain leader mondial des phosphates, en dehors du Maroc et du Gabon. Une enveloppe de 2,5 milliards de dollars sera notamment investie dans une usine de production d’engrais pour rendre autosuffisant l’Ethiopie dans quelques années.
Concernant Madagascar, il y a un air de pèlerinage, même si la raison principale du voyage reste la tenue du sommet de la francophonie les 26 et 27 novembre. Mohammed VI en a profité pour se rendre à Antsirabe où a été exilé son grand père Mohammed V de 1953 à 1955.
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