Selon le scénario de «propagation étendue» du Covid-19 de l’International Transport Air Association (IATA, dont le siège se trouve à Montréal), le coronavirus porte un coup fatal aux compagnies aériennes d’Afrique.
Alors que l’association avait estimé à 400 millions de dollars les pertes des compagnies aériennes du continent il y a quelques semaines, les experts de cette organisation, qui rassemble 290 compagnies aériennes représentant 82% du trafic mondial, viennent de revoir leurs estimations très fortement à la hausse.
Selon l’IATA, cité par air-journal.fr, les compagnies aériennes d’Afrique (Afrique subsaharienne qui compte 49 Etats) et du Moyen-Orient (une région où sont classées les compagnies aériennes des pays d’Afrique du Nord, dont l’Egypte) ont ainsi vu leur demande chuter jusqu’à 60% sur les liaisons qui ont été maintenues malgré la propagation du coronavirus, souligne l’association.
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Les pertes subies par les compagnies aériennes, à cause de ce qui est aujourd’hui une pandémie sont énormes. Moins de deux mois et demi –soit de début janvier 2020 au 11 mars dernier-, les augmentations du nombre de cas de personnes testées positives au Covid-19 dans différents pays ont eu pour conséquence des pertes subies par les compagnies aériennes d’Afrique subsaharienne de l’ordre de 4,4 milliards de dollars, à la date du 11 mars 2020.
Cette situation résulte d’une forte baisse des réservations internationales, et d’une forte hausse des demandes de remboursements de billets d’avion, lesquelles ont atteint un taux de 75% entre le 1er février et le 11 mars 2020, comparativement à la même période en 2019.
La situation est encore plus grave dans la «région Moyen-Orient», qui comprend l’Afrique du Nord, avec des réservations internationales en baisse de 40% par rapport à l’année précédente, et des pertes en termes de recettes attendues, qui se sont établies à 7,2 milliards de dollars du début de cette année 2020 à la date du 11 mars.
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Ainsi, sur cette courte période, les compagnies aériennes d’Afrique et du Moyen-Orient ont perdu 11,6 milliards de dollars en termes de recettes.
Malheureusement, la situation s’est encore aggravée depuis quelques jours, avec les fermetures de frontières aériennes, annoncées en cascade par les autorités de plusieurs pays de la planète. Une situation qui a cloué au sol les flottes de nombreuses compagnies aériennes. Dans de nombreux pays d’Afrique, comme en Algérie, au Maroc, au Soudan, même les liaisons aériennes domestiques ont été interrompues à cause du confinement.
A la date du 5 mars dernier, l’IATA avait estimé que la crise du coronavirus pourrait coûter au secteur du transport aérien jusqu’à 113 milliards de dollars de pertes de revenus, mais l’aggravation de ce que l’OMS qualifie désormais de pandémie et la multiplication des mesures de fermeture des espaces aériens qui s’est ensuivie ont davantage dégradé la situation financière des compagnies aériennes du continent, surtout suite à la fermeture de l’espace aérien des Etats-Unis.
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Cette crise sans précédent fait encourir le risque de nombreuses faillites de compagnies aériennes du continent, si la pandémie doit encore durer quelques mois, alors même que ces compagnies aériennes, sont structurellement fragiles, tout particulièrement celles qui se trouvaient déjà confrontées à des difficultés de trésorerie, bien avant le déclenchement de l’épidémie du coronavirus, comme Kenya Airways ou South African Airlines.
Les experts de l’IATA estiment à environ deux mois les réserves de liquidités moyennes des compagnies aériennes des régions définies pour l’Afrique et le Moyen-Orient.
Afin de sauver le secteur du transport aérien, l’IATA appelle les Etats à soutenir leurs compagnies nationales. Ses experts estiment que les compagnies aériennes mondiales ont besoin d’une aide d’urgence d’environ 200 milliards de dollars.
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«Des millions d’emplois sont en jeu. Les compagnies aériennes ont besoin d’une action gouvernementale urgente pour en sortir avec la capacité d’aider le monde à se remettre une fois le Covid-19 éradiqué», indique l’IATA.
Trois mesures phares figurent parmi la série des mesures que conseille l’IATA: un soutien financier direct aux compagnies aériennes, pour compenser la baisse des revenus et des liquidités, des prêts et des garanties de prêts par les Etats ou leur banque centrale, et des mesures d’allègement fiscal (en ce qui concerne les remises des charges sociales payées, l’exonération temporaire des taxes sur les billets et celle d’autres taxes et impôts).
Ces aides sont nécessaires pour sauver ce secteur stratégique. En Afrique subsaharienne, selon l’IATA, la contribution économique de l’industrie du transport aérien au PIB des pays de cette région est estimée à 55,8 milliards de dollars, soit l’équivalent de 2,6% de ce PIB global. De plus, ce secteur est créateur dans cette région du continent de près de 6,2 millions d’emplois directs et indirects. En ce qui concerne la région définie pour le Moyen-Orient, à laquelle ont été intégrés les pays d’Afrique du Nord, le secteur aérien contribue à hauteur de 130 milliards de dollars aux économies de cette aire géographique, soit l’équivalent de 4,4% de leur PIB pris globalement, et sont créatrices de 2,4 millions d’emplois directs et indirects.
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Voici, selon l’IATA, les conséquences, par compagnie aérienne nationale, qu’aura la pandémie du Covid-19, selon un «scénario de propagation étendue», une étude prévisionnelle chiffrée des experts de cette association, publiée le 5 mars 2020.
- Afrique du Sud: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 6 millions de passagers en moins, et un manque à gagner de l’ordre de 1,2 milliard de dollars pour l’année 2020 en Afrique du Sud. Ces perturbations pourraient aussi faire encourir des risques sur plus de 102.000 emplois dans le pays.
- Kenya: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 622.000 passagers et un manque à gagner de l’ordre de 125 millions de dollars au Kenya, en plus de mettre faire encourir des risques sur près de 36.800 emplois. Si la situation s’aggrave, les pertes subies pourraient s’élever à 1,6 million de passagers en moins et 320 millions de dollars de recettes pour l’année 2020.
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- Ethiopie: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 479.000 passagers en moins et un manque à gagner de l’ordre de 79 millions de dollars dans le pays, et faire encourir des risques sur plus de 98.400 emplois. Si la situation s’aggrave, ces pertes pourraient s’élever à 1,2 million de passagers en moins et 202 millions de dollars de recettes pour l’année 2020.
- Nigéria: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 853.000 passagers en moins et un manque à gagner de l’ordre de 170 millions dollars de dollars pour le pays. Ces perturbations pourraient faire encourir des risques sur plus de 22.200 emplois dans le pays. Si la situation s’aggrave, les pertes pourraient s’élever à environ 2,2 millions de passagers en moins, et 434 millions de dollars de recettes pour l’année 2020.
- Rwanda: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 79.000 passagers en moins et un manque à gagner de 20,4 millions dollars au pays. Ces perturbations pourraient faire encourir des risques sur près de 3000 emplois dans le pays. Si la situation s’aggrave, les pertes pourraient s’élever à environ 201.000 passagers en moins et 52 millions de dollars de recettes pour l’année 2020.
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- Egypte: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 6,3 millions de passagers en moins et un manque à gagner de 1 milliard de dollars au pays. Les perturbations du trafic aérien pourraient faire encourir des risques à près de 138.000 emplois dans le pays.
- Maroc: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 4,9 millions de passagers en moins et un manque à gagner de 728 millions de dollars au pays. Les perturbations du trafic aérien pourraient faire encourir des risques à plus de 225.000 emplois au pays.
- Tunisie: les perturbations attribuables à la pandémie de Covid-19 pourraient entraîner des pertes de l’ordre de 2,2 millions de passagers et un manque à gagner estimé à 297 millions de dollars à ce pays, pour l’année 2020.