Algérie-Union européenne: le projet de résolution qui a irrité le régime de Gaïd Salah

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Le 28/11/2019 à 11h57, mis à jour le 28/11/2019 à 20h43

Les députés européens sont rarement allés aussi loin dans la condamnation des dérives d'un Etat dans la cette résolution contre l'Algérie. Ils demandent à la diplomatie de l'Union de soutenir les victimes de la contestation jetées en prison;

C'est ce jeudi 24 novembre que le parlement européen devra se pencher sur l'adoption d'une résolution exigeant du régime algérien de cesser la répression contre le mouvement de contestation et surtout de mettre le pays sur une voie démocratique. En somme, il s'agit d'une résolution qui reprend pratiquement mot pour mot la déclaration de Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française. Les députés européens n'y vont pas par le dos de la cuillère, puisqu'ils ne se contentent pas de condamner. Ils donnent également des instructions aux diplomates européens d'apporter leur soutien à la société civile algérienne. Sachant que c'est cette dernière qui porte, principalement, la constestion, ce qui risque de susciter une levée de boucliers chez les généraux.

Car, la résolution demande "au Service européen d’action extérieure (EEAS, la diplomatie de l’UE), à la Commission européenne et aux États membres, de soutenir la société civile (algérienne, ndlr), les défenseurs des droits de l’Homme, les journalistes et les protestataires en leur rendant visite en prison, en suivant leurs procès et en faisant des déclarations publiques (…)".Selon plusieurs sources, citées notamment par la presse algérienne, plusieurs groupes parlementaires se sont penchés sur cette résolution afin de la peaufiner, ce qui laisse penser qu'elle devrait être adoptée à une très large majorité. Selon le site d'information "Tout sur l'Algérie" (TSA), le texte vise à "condamner fermement les détentions arbitraires et illégales ainsi que les attaques et les intimidations contre des journalistes, syndicalistes, avocats, étudiants, défenseurs des droits de l’Homme et de la société civile et des protestataires pacifiques qui prennent part au Hirak".

Les députés européens ne s'arrêtent pas là, puisqu'ils exigent "la libération immédiate et sans condition de tous ceux enprisonnés pour avoir exercé leur liberté d’expression". Dans le texte, plusieurs noms de victimes du régime sont cités, tout en précisant que la liste ne cesse de se rallonger.S'appuyant sur les informations fournies par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), le Parlement européen parle d'une centaine d'arrestations ou emprisonnements. Il s'agit également de "mettre un terme à toutes les formes d’intimidation", auxquelles le vice-ministre algérien de la défense est très attaché et de "supprimer et éviter tout usage excessif de la force". Les manifestants anti-régime ne sont pas la seule préoccupation des parlementaires européens, car récemment des fidèles chrétiens protestants ont également été victimes de l'appareil répressif algérien. C'est pourquoi, les députés ont demandé au régime de "mettre un terme à la violation de la liberté des chrétiens, des ahmadis et autres confessions religieuses minoritaires". Selon eux, les églises fermées doivent être réouvertes pour faciliter la pratique de leur culte par les fidèles. Evidemment, tout ceci ne plaira pas à Ahmed Gaïd Salah, si la résolutuion est adoptée. Le chef d'état-major général de l'armée avait déjà répondu dans un discours prononcé hier en affirmant que c'est "la bande (le système mis en place par Bouteflika, ndlr) qui, après avoir échoué, dans tous ses plans, fait appel à des parties étrangères, notamment celles qui sont connues pour leur rancune historique et qui ne souhaitent pas du bien à l’Algérie et à son peuple". 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 28/11/2019 à 11h57, mis à jour le 28/11/2019 à 20h43