Libye. Processus de Brazzaville: l'Algérie veut abriter le "Forum pour la réconciliation nationale"

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Le 31/01/2020 à 10h36, mis à jour le 31/01/2020 à 11h19

L'Algérie s'est proposée d'accueillir le "Forum pour la réconciliation nationale" des frères ennemis libyens que veut initier l'Union africaine.

Hier, en fin d'après-midi, les travaux de l'Union africaine consacrés à la Libye, et auxquels ont pris pris part Fayez El Serraj et des émissaires de Khalifa Haftar, ont donné lieu à une feuille route.

L'organisation continentale, qui veut reprendre le dossier libyen en main après les échecs de Moscou et de Berlin, veut ainsi initier un "Forum de réconciliation nationale". Elle a décidé de mettre en place une commission qui aura en charge la préparation. Outre les principaux protagonistes du conflit libyen, à savoir Fayez El Serraj et Khalifa Haftar, la société civile y sera également conviée.

Il s'agit d'un exercice dont beaucoup de pays africains ont une solide expérience, et qui pourrait bénéficier à leurs frères libyens pour peu que les pays ayant un agenda caché, comme la Turquie, le Qatar, les Emirats Arabes Unis, la France ou la Russie, pour ne pas les citer, s'écartent de ce conflit.

L'Algérie s'est d'ores et déjà engagée à abriter le Forum. Une manière de faire barrage au Maroc qui avait accueilli le sommet de Skhirat, ayant donné naissance au Gouvernement d'entente nationale (GNA) reconnu par les Nations unies? C'est bien possible.

Mais le fait que l'Algérie soit courtisée par Recep Tayip Erdogan, le principal soutien du GNA, pose évidemment question sur sa neutralité. 

Dans son communiqué final, le Comité de l'Union africaine sur la Libye a laissé entendre que la résolution de ce conflit était primordiale pour apaiser la zone sahélienne en proie au djihadisme depuis la chute de Mouammar Kadhafi.

Le document note ainsi, "une dégradation de la situation qui nourrit les réseaux terroristes et déstabilise la sous-région".

Cependant, le silence des armes semble être une condition sine qua non pour instaurer un dialogue, selon les Etats membres qui ont rappelé, suite au sommet de Berlin du 20 janvier courant, à la nécessité de respecter l'embargo sur les armes imposé par les Nations Unies.

Les pays membres de l'Union africaine en ont profité pour dénoncer les nombreuses ingérences dans ce conflit qui aurait pu ne pas trop durer, si l'on s'en était tenu aux accords de Skhirat sur la Libye, signés en décembre 2015.

Ils ont à nouveau appelé à un "cessez-le-feu complet et effectif", devant s'appuyer sur "un mécanisme de surveillance (...) dans lequel l'UA aura un rôle à jouer".

Au-delà de la paix, la question humanitaire a également été évoquée. Les participants au sommet de Brazzaville ont ainsi appelé les pays voisins à "consentir des efforts pour venir en aide aux populations libyennes".

Toujours en ce qui concerne la situation humanitaire, ils ont aussi demandé la protection des migrants africains détenus en Libye, souvent enrôlés de force dans les milices ou utilisés comme boucliers humains ou simple chair à canon. L'Union africaine s'est dite disposée à faciliter leur rapatriement dans leur pays d'origine.

La tâche ne sera pas facile, puisque, selon le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (UN-HCR), il y a actuellement près de 650.000 migrants africains en Libye.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 31/01/2020 à 10h36, mis à jour le 31/01/2020 à 11h19