Après avoir tourné le dos au financement extérieur pendant 14 ans, l'Algérie s'apprête officiellement à renouer avec les bailleurs de fonds étrangers et les marchés financiers internationaux. En effet, c'est une décision contenue dans l'avant projet de loi de finances 2020 qui devrait passer bientôt en conseil de gouvernement, selon le site d'information Tout sur l'Algérie.
"Nonobstant toutes dispositions contraires, le financement de projets stratégiques et structurants pour l’économie nationale, auprès des institutions financières de développement, est autorisé après avis des autorités compétentes", écrit le ministère algérien des Finances dans l'article 98 de l'avant-projet de loi.
Si le texte est adopté, il abolira tacitement les dispositions interdisant de recourir aux emprunts internationaux.
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Le gouvernement de Noureddine Bedoui explique cette position par le fait que l'Algérie est l'une des plus grandes contributrices de certains organismes financiers internationaux, sans réellement profiter de leur soutien quand elle en a eu besoin.
"L’Algérie est membre dans plusieurs institutions financières internationales et régionales, sans qu’elle ne bénéficie de prêts de ces institutions, du fait de sa politique affichée depuis 2005 de non recours à l’emprunt extérieur. Elle a néanmoins poursuivi ses efforts de contribution à leur capital", écrit le texte dans son préambule.
Sans citer la Banque Africaine de Développement (BAD), le ministère des Finances algérien pense surtout à l'institution panafricaine basée à Abidjan. Car, l'Algérie est effectivement l'un des plus grands contributeurs dans le financement en capital ou en créances de la BAD.
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C'est perceptible dans son poids au sein du conseil des gouverneurs de la banque. Avec 4,25% des pouvoirs de vote, l'Algérie est la quatrième nation derrière, le Nigeria (9,334%), l'Egypte (5,629%) l'Afrique du Sud (5,06%).
Mais, en réalité, si l'Algérie a décidé subitement de changer de stratégie, en laissant de côté la planche à billets, c'est parce qu'elle a épuisé son confortable matelas financier de réserves de change. Les 200 milliards de 2014 ont fondu comme neige au soleil, pour ne plus être que 72 milliards à fin avril 2019. Et l'année prochaine, le pays ne pourrait disposer que de quelque 33 milliards de dollars. Certains pensent même que la réalité est bien pire et que les réserves de change du pays ne couvrent plus que quelques mois d'importations.
Evidemment d'autres motifs subsidiaires sont évoqués comme l'image du pays auprès de ces institutions financières internationales ou encore la possibilité d'attirer d'avantage d'investisseurs internationaux.
Toujours est-il que le pays est sous la contrainte des cours internationaux de pétrole qui peinent à se redresser. En effet, le prix du baril de pétrole ne parvient pas à quitter durablement l'intervalle des 60 à 70 dollars. Or, les experts estiment qu'en deçà de 110 dollars, l'Algérie ne pourra pas retrouver ses deux équilibres fondamentaux concernant son budget d'une part et sa balance des paiements de l'autre.