Comme il fallait s’y attendre, les recettes de la Sonatrach vont considérablement se contracter cette année. La sortie du PDG de la Société vient de le confirmer. Selon Toufik Hakkar, les recettes du groupe vont chuter de près de 40% en 2020 pour se situer entre 20 et 21 milliards de dollars, contre 33 milliards de dollars en 2019.
Cette baisse est le résultat d’une conjonction de facteurs. D'abord, il y a la chute du cours du baril de pétrole sous l’effet de la chute de la demande mondiale à cause du Covid-19 et la baisse des exportations sous l’effet de la réduction des quotas d’exportation dans le cadre des accords conclus par les pays de l’OPEP dans le but de soutenir les cours. Car ceux-ci, faut-il le rappeler, étaient tombés autour de 20 dollars en avril avant de remonter pour se situer légèrement au-dessus des 50 dollars. Ensuite, l'Algérie a fait face à des pertes de parts de marché sur le gazier européen à cause des producteurs de gaz américains et russes.
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Cette chute des recettes de la Sonatrach, le véritable poumon de l’économie algérienne, aura des impacts très négatives sur les réserves en devises de l’Algérie. Celles-ci ont déjà été très fortement entamées au cours de ces dernières années dans le sillage de la baisse des cours du pétrole et des importations accompagnées de surfacturations, qui ont contribué à des sorties de devises importantes.
Ainsi, sachant que les recettes budgétaires dépendent à hauteur de 60% du secteur des hydrocarbures, le déficit budgétaire va se creuser cette année sous l’effet de la conjoncture difficile. D’ailleurs, la Sonatrach fait face à d’énormes problèmes liés à la chute de ses recettes d’exportation. En juillet dernier, son PDG avait annoncé un plan de réduction de 50% des dépenses de la compagnie et la révision de son plan d’investissement.
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Par ailleurs, à cause de la crise sanitaire et ses conséquences (confinement, chute de la demande mondiale de pétrole, etc.) cela devrait contribuer à une contraction de l’économie algérienne de l’ordre de -6%. Une situation qui va peser sur les entreprises algériennes et donc sur les recettes fiscales. D'ailleurs, de nombreuses entreprises de divers secteurs (BTP, électroménager, automobile, tourisme, etc.) sont au bord de la faillite et, du coup, l'Etat ne pourra pas compter sur leurs recetes fiscales.
Face à cette situation, le gouvernement avait divisé par deux le budget de l’Etat en cours afin de réduire le déficit.
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Néanmoins, le gouvernement de Tebboune a beau sabrer les dépenses, le déficit ira crescendo. Le FMI avait prévu une détérioration du déficit qui devrait s’établir autour de -20% du PIB du pays. Avec un «point mort fiscal», c’est-à-dire un cours du pétrole en dessous duquel le budget est dans le rouge, point se situant à 109 dollars le baril pour l’Algérie, l’explosion du déficit budgétaire était inévitable avec un baril moyen autour de 40 dollars en 2020.
En outre, le FMI avait estimé le déficit de la balance des opérations courantes à -18,3% du PIB. La chute des recettes d’exportation qui constituent 95% des recettes tirées des exportations algériennes va creuser encore davantage le déficit commercial en dépit des mesures mises en place par le gouvernement pour freiner les importations (interdiction d’importation d’un millier de produits).
Le déficit commercial, la faiblesse des transferts des migrants algériens et l’absence d’investissements directs étrangers font que le déficit de la balance des paiements devrait se creuser davantage cette année.
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Conséquence du creusement du déficit de la balance des paiements, les recettes en devises du pays vont chuter de manière inquiétante. Ainsi,elles avaient atteint un niveau record de 194 milliards de dollars en 2014, lors de la flambée des cours du baril de pétrole avec un pic à 140 dollars, sont tombées fin 2019 à 62 milliards de dollars.
Pour 2020, face au déficit de la balance des paiements, les réserves de change devraient se réduire significativement de plus de 20 milliards de dollars et s’établir, dans le meilleur des cas autour des 40 milliards de dollars.
Pour la Banque Mondiale, à un prix moyen de 35 dollars le baril, le solde des réserves de change du pays tournerait autour de 30 milliards de dollars à fin 2020, soit moins d’une année d’importation.
Le spectre de l’épuisement des réserves de change n’est pas à écarter au même titre que celui du Fonds des recettes de régulations (FRR), le fonds souverain algérien qui a été réduit de 40 milliards de dollars en 2014 à 7,8 milliards de dollars en 2016 avant de s’épuiser totalement en 2017 en servant à éponger l’énorme déficit budgétaire du pays.
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Et la situation est d’autant plus critique que les perspectives de redressement du cours du baril de pétrole sur le long terme sont minces. Selon les analystes et conjoncturistes, à cause de la surabondance de l’offre depuis que les Etats-Unis sont devenus de loin le premier producteur mondial de pétrole, les prix du pétole resteront faibles.
Une chose est sûre, cette situation marque la fin de l’aisance financière de l’Algérie et qui donne une idée sur les raisons de la dégringolade du dinar algérien face aux devises étrangères.