Les Algériens, dont le pouvoir d’achat ne cesse de se détériorer depuis quelques années, font de plus en plus face à des pénuries de toute sorte et des flambées de prix. Ainsi, depuis quelques semaines, les prix de plusieurs produits alimentaires et autres ont pris l’ascenseur au grand dam des citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer tant la situation est devenue critiques pour les ménages.
Dernière hausse en date, celle du tarif su poulet. Les prix ont connu une forte hausse passant d’une moyenne de 320-340 dinars le kilo à 480 dinars et parfois même 500 dinars le kilo. Les fortes chaleurs, la hausse des cours des intrants importés (maïs, soja…) et la hausse des prix des poussins reproducteurs sont avancées pour expliquer cette hausse. La situation risque encore de se corser davantage pour la viande blanche. En effet, le pays est touché par la grippe aviaire qui a décimé, selon le directeur de l’Office national des aliments du bétail (Onab) près de 1,5 million de poules reproductrices d’œufs à couver.
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En outre, le pays dépend fortement des importations de viandes blanches. De l’aveu du directeur général de l’Onab, sur un besoin compris entre 5 et 6 millions de poules, 40% sont produits localement par les privés. Face à la situation de pénurie qui en résulte, il préconise donc des importations régulées. Même tendance chez le président intérimaire du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (Cnifa), Abderrazak Abdellaoui, qui explique la nécessité de l'autorisation de ces importations. «L’importation temporaire de cet intrant permettrait de faire baisser le prix du poussin de chair, passé de 80 dinars l’unité à 150 dinars, provoquant une envolé des prix du poulet» précise-t-il.
Seulement, avec la politique préconisée par les autorités qui viennent d’interdire les importations, il est inévitable que la pénurie s’aggrave et que les prix continuent à grimper.
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Si la flambée du prix du poulet inquiète, il faut souligner que les augmentations des prix touchent aussi de nombreux autres produits. Même le pain n’a pas échappé à ces hausses. Malgré la fixation officielle de son prix à 7,5 dinars, celui-ci se vendait à 10 dinars chez les boulangers. Toutefois, face à la hausse des intrants, sachant que c’est la farine seulement qui est subventionné, les boulangers algériens ont trouvé l’artifice de produire très peu ce pain à 10 dinars préférant ajouter quelques grains de sésames, de la semoule et du son au pain pour le vendre à 15 dinars. Ainsi, la pénurie du pain à 10 dinars pousse les ménages à dépenser plus. De même, les pâtes alimentaires sont passées de 40 à 80 dinars, subitement, pour la qualité ordinaire. Idem pour le lait subventionné à 25 dinars qui a disparu poussant les ménages à recourir au lait conditionné à 90 dinars. Ces hausses touchent également les fruits et légumes.
Intervenant à la veille de la rentrée scolaire, ces flambées compliquent la situation des familles. Et on annonce déjà une très forte hausse des prix des fournitures scolaires avec un panier moyen augmenté de 40%. Au niveau des librairies, les prix des cartables (qui dépassent les 2.500 dinars) et des trousses sont en effet très élevés. La situation risque d’être explosive pour les ménages.
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Derrière ces hausses des prix, il y a la conjonction de plusieurs facteurs. D’abord, l’effet des pénuries. L’Algérie ne produisant pas assez de biens, les politiques d’interdiction des importations de produits finis et d’intrants, dans le seul but de réduire la chute des réserves de change, ont créé des pénuries pour de nombreux produits. C’est le cas aujourd’hui du poulet, mais également des voitures et de plusieurs autres produits. La rareté entraîne automatiquement l’augmentation des prix sur le marché. Malheureusement, le gouvernement vient d’accentuer cette mesure d’interdiction des importations. Ce qui va encore aggraver les pénuries et le déséquilibre entre l’offre et la demande et donc la poursuite de la hausse des prix.
Ensuite, il y a la dépréciation continue du dinar algérien face aux devises (dollar, euro…). Face au dollar, principale monnaie des transactions internationales, le dinar a atteint la semaine passée son plus bas niveau historique avec 160 dinars pour 1 dollar sur le marché officiel.
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Cette détérioration sans précédent de la parité du dinar se traduit inéluctablement par un renchérissement des prix des produits et surtout des intrants importés qui sont indispensables pour la production locale.
En outre, cette inflation résulte aussi de la hausse des cours de certains produits sur le marché mondial. Combinées à la détérioration du dinar, elles induisent une hausse des prix en poussant les importateurs et producteurs locaux utilisant ces intrants importés à répercuter les hausses sur le consommateur final. Ainsi, la filière avicole étant fortement dépendante de ces intrants (poussins reproducteurs, maïs…), les hausses des cours internationaux de ces produits influent automatiquement sur les prix du poulet en Algérie.
Ces hausses viennent aggraver la situation de perte de pouvoir d’achat des Algériens. D’après les études, l’Algérien ne peut s’offrir que la moitié de ce qu’il pouvait se payer avec son salaire, il y a 10 ans.
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La situation risque encore de s’aggraver dans les jours à venir à cause de la pénurie de liquidité qui commence à inquiéter les autorités. Selon la Banque d’Algérie, le niveau des liquidités bancaires n’était que de 521 milliards de dinars en avril 2021, contre 680 en janvier 2021, alors que ce montant était déjà jugé très faible. Ainsi, la banque centrale devrait accroître la masse monétaire en jouant essentiellement sur la «planche à billets».
Seulement, cette politique adoptée par les gouvernements algériens pour financer les déficits budgétaires ont jusqu’à présent montré leurs limites, tout en accentuant l’inflation.
Par ailleurs, la décision d’interdire les importations de produits finis par les autorités dans le but d’économiser les réserves de change du pays qui ne cessent de baisser, alors que le pays ne produit pas grand-chose, risque d’accentuer les pénuries et l’inflation dans les semaines à venir.
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Et c’est le citoyen algérien qui trinque à cause de cette politique qui ne fait que détériorer leur pouvoir d’achat. Le SMIG qui se situe à 20.000 dinars, soit 147 dollars, et le salaire moyen autour de 35.000 dinars, soit 257 dollars, font que les ménages souffrent. Et les études réalisées par les experts montrent que 34% des travailleurs algériens étaient menacés de pauvreté.
Une étude réalisée par l’UGTA -Union générale des travailleurs algériens- en 2018, avançait qu’il fallait à une famille composée de 5 membres, pas moins de 57.000 dinars par mois pour vivre du strict minimum. Trois ans plus tard, avec la flambée des prix, il faut disposer d’un montant très largement supérieur pour survivre. Ce qui a poussé les syndicats de l’éducation à exiger un salaire moyen de 80.000 dinars, un montant jugé nécessaire pour une vie digne.