Dans un document rendu public au cours de ce mois de janvier, la Banque mondiale souligne la gravité du manque de liquidité qui frappe le système monétaire algérien, plus sévère que ne veulent le laisser croire les autorités.
"Malgré la réponse par la politique monétaire, la liquidité des banques publiques a considérablement diminué au premier semestre 2020", note l'Institution de Bretton Woods dans cette note de conjoncture de l'économie algérienne intitulée: "Naviguer dans la pandémie du Covid-19, engager des réformes structurelles".
Les experts de la Banque mondiale estiment que "la baisse de la liquidité des banques publiques est attribuée à la pandémie du Covid-19 et à la baisse des revenus des hydrocarbures, entraînant une baisse des dépôts dans les banques commerciales et la Banque d'Algérie".
La situation est loin d'être homogène au niveau du système bancaire, avec des disparités entre les établissements publics et privés. Pris globalement, les premiers sont clairement déficitaires au point d'être obligés de s'adresser davantage à la Banque centrale durant le premier semestre 2020 par rapport à la même période de 2019 pour 404 milliards de dinars de plus qu'en 2019, soit une augmentation de 36%.
"Parmi les six banques publiques - qui détiennent environ 90% du total des dépôts - quatre ont un grand besoin de liquidités", souligne la Banque mondiale", écrivent les auteurs du rapport.
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Il reste les banques privées dont les liquidités demeurent excédentaires, mais qui, malheureusement, ne pèsent que pour 10% de parts de marché des dépôts algériens. Pas assez pour permettre au système monétaire de connaître moins de pression. Ainsi, souline cette note de conjoncture, "la base monétaire détenue à la Banque d'Algérie est ainsi passée de 1.100 milliards de dinars en décembre 2019 à 840 milliards de dinars en juillet 2020, soit une baisse de 24%".
Et comme le problème du manque de liquidité, c'est que dès qu'il est connu de la clientèle, il a tendance à s'aggraver. Ainsi, les Algériens, bancarisés à 35%, se sont précipités pour retirer les dépôts, au point où le déficit s'est accentué.
Evidemment, le régime fait tout pour cacher l'ampleur du phénomène qui dénote une grave crise économique et financière. "Les autorités algériennes ont encore une fois menti dans la gestion d’un dossier stratégique et névralgique pour le pays", affirme le site d'information Algérie Part qui signale que "la crise de liquidité n’est pas du tout un problème passager, mais un dysfonctionnement inquiétant et profond de l’économie nationale algérienne".
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Les Algériens ont encore en mémoire les longues files d'attente devant les bureaux de poste, en juillet dernier. Les retraités étaient alors payés au compte-gouttes à la veille comme au lendemain de l'aïd el kébir.
Aujourd'hui encore, le problème persiste puisque sa cause principale s'est même accentuée. Il s'agit notamment du recul des exportations d'hydrocarbures, lesquelles génèrent jusqu'à 95% des revenus extérieurs du pays. Or, en 2020, les exportations d'hydrocarbures ont chuté de 40% par rappport à 2019 à seulement 20 milliards de dollars, contre plus de 33 milliards.