Algérie: et si la chute de Bouteflika allait venir des réseaux sociaux

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Le 20/02/2019 à 11h14, mis à jour le 20/02/2019 à 12h38

Revue de presseN'ayant plus les moyens de calmer la rue grâce à la redistribution de la manne financière issue du pétrole, la gouvernement algérien s'apprête à passer une épreuve du feu ce 22 février suite à un appel anonyme à manifester, lancé et amplifié par les réseaux sociaux.

"Les réseaux sociaux sont en train de devenir le vecteur de la dissidence contre un cinquième mandat (de Bouteflika, ndlr)", titre le site d'information Tout sur l'Algérie dans une analyse comparative avec le mouvement des "Gilets jaunes" en France. 

Ce n'est pas nouveau pour le cas algérien, puisqu'en 2014 également, le mouvement Barakat (ça suffit!) s'était appuyé de ce nouveau média, mais le succès n'était pas au rendez-vous. Car les appels à travers Facebook et Twitter n'avaient pas été suivis de manifestations de rue de nature à inquiéter le régime algérien. Cette fois, en revanche, c'est différent. 

Ce mardi 19 février, le portrait géant de Bouteflika symboliquement arraché et piétiné par les manifestants dans la ville de Khenchela dans l'Est algérien en est une belle illustration et signal fort. En effet, tout est parti des réseaux sociaux et tout s'est amplifié grâce à une vidéo diffusée en live par Rachid Nekkaz, activiste politique et candidat à la présidentiel de 2019. Nekkaz a été accueilli par des milliers de manifestants à son arrivée devant le siège de l'Assemblée populaire communale (APC) de Khenchla. 

Il y a actuellement un appel anonyme dans les réseaux sociaux algériens à manifester le vendredi 22 courant après la prière et le dimanche 24 dans toutes les villes du pays, y compris Alger où cela est interdit depuis un arrêté de 2002. Le fait est que plusieurs groupes de discussion sont constitués, montrant la détermination des Algériens à braver l'interdiction du ministre de l'Intérieur de manifester contre la candidature à un cinquième mandat et la mise en garde d'Ahmed Gaïd Salah allant dans le même sens. 

Actuellement, rappelle l'auteur de l'article dans Tout sur l'Algérie, il y a 22 millions d'internautes recensés par les autorités. C'est l'une des raisons pour lesquelles les autorités algériennes ont mis les services de renseignement, la police et l'armée en état d'alerte. 

La question qui taraude les sécuritaires et le régime algérien est de savoir si ces mobilisations peuvent être de nature à déstabiliser le pouvoir algérien, alors que les caciques autour de Bouteflika n'attendent que l'élection du 19 avril pour légitimer l'accaparement du pouvoir. Evidemment, la situation est explosive pour deux raisons. 

La première: tout le monde en Algérie sait que Bouteflika ne gouverne plus depuis longtemps à cause de son état de santé. La deuxième: contrairement à 2014, la manne pétrolière s'est tarie. Le gouvernement ne peut plus se permettre des mesures sociales pour calmer la grogne populaire. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 20/02/2019 à 11h14, mis à jour le 20/02/2019 à 12h38