Algérie: trois jours après le désaveu de la rue, Gaïd Salah fait la sourde oreille

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Le 08/04/2019 à 09h43, mis à jour le 08/04/2019 à 09h46

Alors que des millions de manifestants sont sortis dans les rues vendredi 5 avril dernier en interpellant le général Ahmed Gaïd Salah pour des changements profonds, ce dernier est subitement devenu muet.

Alors que la rue algérienne a clairement manifesté son rejet des solutions qui lui ont été proposées jusqu'ici par le général Gaïd Salah, le nouvel homme fort d'Alger fait la sourde oreille.

En effet, trois jours après les manifestations organisées à travers tout le pays, et qui ont mobilisé des millions de citoyens, le chef d'état-major des armées n'a toujours pas accédé à la demande de se débarrasser des trois B, à savoir Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui, respectivement président du Sénat, président du Conseil constitutionnel et Premier ministre. 

Les Algériens ont massivement rejeté l'idée que la transition puisse être menée par ces trois hommes. Or, de par leurs fonctions respectivement, ils sont appelés à y jouer un rôle prépondérant. Pourtant, l'implacable processus, tant décrié par les millions de manifestants est en cours.

Du côté du Parlement, les deux chambres ont d'ores et déjà constitué une commission mixte afin d'élaborer le réglement intérieur de la réunion prévue le mardi pour la confirmation de Bensalah comme président par intérim.

De toute évidence, dès demain, Abdelkader Bensalah endossera le costume de chef d'Etat, au moins pour les 3 prochains mois.

Il n'aura pas la possibilité de procéder à un remaniement ministériel. la Constitution algérienne ne lui en donne pas le pouvoir. Il devra ainsi faire avec le gouvernement que lui a légué le clan Bouteflika, ce qui veut dire que l'ombre du président démissionnaire devrait planer sur la transition. 

C'est d'autant plus vrai qu'à la tête de ce gouvernement, il y aura Noureddine Bedoui, autre personnalité controversée du système, que contestent les manifestants.

Noureddine Bedoui et son équipe continuent à gouverner le pays comme si de rien était. Et seules deux mesurettes ont été prises pour calmer les manifestants.

La première concerne l'assouplissement des procédures de délivrance des agréments pour les associations, les syndicats et les partis politiques.

La seconde, quant à elle, concerne la répartition de la publicité publique qui, selon la promesse du gouvernement, devrait se faire suivant des règles plus équitables. 

Quant au Conseil constitutionnel, dont le président Tayeb Belaiz a été nommé en janvier dernier par Bouteflika, il continuera à avaliser tout ce qui lui est soumis.

N'est-ce pas ce même conseil constitutionnel qui avait accepté la candidature d'un Abdelaziz Bouteflika frappé d'infirmité et ostenciblement malade? 

Voilà pourquoi la rue a continué à exiger des actions concrètes de Gaïd Salah, le seul qui semble en mesure d'infléchir un système dont il est l'un des principaux acteurs. Or le général est subitement devenu muet... 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 08/04/2019 à 09h43, mis à jour le 08/04/2019 à 09h46