La Cour d’appel militaire de Blida a eu la main lourde concernant l’ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le général-major Wassini Bouazza. Celui-ci a été condamné, le mardi 23 juin, à 8 ans de prison ferme assortis d’une amende de 500.000 dinars algériens.
Rappelons qu’il avait été condamné en première instance pour «outrage à corps constitué par la parole, outrage à subordonné, usage de faux, possession d’une arme à feu de classe IV et de munitions militaires». Il était également poursuivi pour sa «gestion controversée» des affaires de sécurité d’Etat tout au long de la crise politique.
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Au-delà, selon les observateurs avertis de la situation politique et sécuritaire en Algérie, le limogeage, l’emprisonnement et cette condamnation à une lourde peine s’expliquent essentiellement par trois facteurs. D’abord, la volonté du nouveau tandem formé par Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chengriha de se débarrasser d’un homme puissant, proche de l’ancien homme fort du pays, Gaïd Salah, et disposant de réseaux importants au sein de l’armée et des sécuritaires algériens. D’autant que l’homme est considéré comme violent et par conséquent à même de troubler la tranquillité du nouveau régime.
Ensuite, Bouazza paie aussi et surtout son soutien, lors de la présidentielle de 2019, au candidat Azzedine Mihoubi, battu par l’actuel président Tebboune. Ainsi, de facto, il est considéré par Tebboune comme un opposant à éliminer. Un travail facilité par la mort subite de son parrain Gaïd Salah.
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Enfin, il est reproché à Bouazza d’avoir facilité la sortie du territoire algérien de l’ancienne «boîte noire» de Gaïd Salah: l’adjudant-chef Gharnit Benouira, ancien secrétaire particulier de l’ancien chef d’Etat-major et vice-ministre de la Défense, qui a quitté le pays, avec la complicité de Bouazza, en emportant des documents estampillés «secret défense».
Autant de raisons qui font que l’ancien patron des renseignements intérieurs était devenu l’homme à abattre pour Tebboune et Chengriha.
Rappelons que le général-major Wassini Bouazza a été limogé le 13 avril dernier avant d’être arrêté. Une enquête de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) avait alors ouvert de nombreux dossiers liés à la gestion de Bouazza, dont ceux liés à «ses relais, ses instructions dans le domaine politico-médiatique, etc.».
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Son limogeage entre dans le cadre de la purge initiée par le président Abdelmadjid Tebboune visant notamment à éliminer le clan des partisans du feu Ahmed Gaïd Salah, ancien vice-ministre de la Défense et chef d’Etat-major de l’armée algérienne.
La DGSI fait partie des services de renseignement algériens composés de trois branches: renseignement intérieur, renseignement extérieur et direction technique.