Algérie: la diaspora mécontente des conditions de la réouverture des frontières aériennes

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Le 26/05/2021 à 12h32, mis à jour le 26/05/2021 à 12h35

Le gouvernement algérien a annoncé la réouverture des frontières aériennes à partir du 1er juin prochain. Toutefois, à y regarder de près, et face aux conditions annoncées, on se rend compte qu’il s’agit plutôt d’un rapatriement des Algériens dans des conditions dénoncées par la diaspora.

Pour confirmer la décrue des contagions, en dépit d’un nombre faible de tests réalisés pour en avoir une idée claire et nette sur la situation réelle des contaminations au Covid-19, les autorités algériennes ont annoncé la réouverture des frontières.

Une annonce qui a rapidement été bien accueillie par la forte communauté des Algériens établis à l’étranger et les Algériens bloqués depuis plus d’une année à l’étranger par les fermetures des frontières et qui souhaitent, depuis, rentrer dans leur pays.

Seulement, leur enthousiasme a été rapidement douché par la sortie du Premier ministre Abdelaziz Djerad dont un communiqué de la primature est venu détailler les conditions de cette «ouverture des frontières», à partir du 1er juin.

Annonçant que cette ouverture est basée sur une démarche prudente, progressive et flexible, le Premier ministre a détaillé, le lundi 24 mai, les conditions de cette ouverture des frontières.

Il en ressort, d’abord, que le nombre de pays concernés par cette ouverture des frontières se limite à seulement 4: France, Tunisie, Espagne et Turquie. Ainsi, selon les autorités, «la compagnie Air Algérie assurera trois vols hebdomadaires de et vers la France (02 vols Paris, 01 vol Marseille), un (01) vol hebdomadaire de et vers la Turquie (Istanbul), un (01) vol hebdomadaire de et vers l’Espagne (Barcelone) et un autre vers et de la Tunisie (Tunis)».

Ensuite, les voyageurs qui souhaitent rentrer en Algérie doivent respecter des conditions sanitaires strictes en présentant «un test RT-PCR de moins de 36 heures», «se soumettre à un confinement sanitaire obligatoire d’une période de 5 jours au niveau d’un des établissements hôteliers prévus à cet effet, avec un contrôle médical permanent», et «l’application d’un test de dépistage du Covid-19 à la fin du confinement».

Par ailleurs, les frais d’hébergement dans les hôtels durant les 5 jours de confinement et plus en cas de tests positifs et les frais des tests PCR sont à la charge des voyageurs. Ce qui constitue un coût significatif pour les voyageurs.

Conséquence, ces conditions sont jugées draconiennes et décourageantes par la diaspora algérienne qui juge cette ouverture des frontières partielle et partiale.

En effet, 23 organisations représentant la communauté algérienne à l’étranger et les Algériens bloqués à l‘étranger qui souhaitent rentrer dans leur pays sont découragés par ces conditions qu’ils jugent draconiennes et injustes. D’abord, elles demandent sur quel critère les autorités se sont basées pour ouvrir les frontières aériennes à seulement 4 pays. En tout cas, ce choix ne se justifie pas par le fait que ces pays enregistrent peu de cas de Covid-19 sachant que la Tunisie est l’un des pays les plus touchés actuellement au niveau du continent africain et que la Turquie, même si elle a dépassé le pic de contaminations en avril dernier, demeure un pays durement affecté avec une moyenne de 8.000 nouveaux cas quotidiens.

Ensuite, la diaspora algérienne souhaite l’annulation de la mesure du confinement obligatoire de 5 jours pour les Algériens vaccinés et dont le test PCR est négatif jugeant que ces personnes ne présentent pas de risques majeurs.

Par ailleurs, les membres de la diaspora demandent à ce que les Algériens soient aussi autorisés à acquérir des billets avec les compagnies aériennes étrangères pour entrer en Algérie afin de faire face aux tarifs des billets pratiqués par Air Algérie et qui sont jugés exorbitants.

En outre, ils demandent la suppression des autorisations exceptionnelles d’entrée ou de sortie de ou vers l’Algérie et la prolongation de la validité du test PCR en passant de 36 heures à moins de 72 heures du fait de l’impossibilité de certains membres de la diaspora algérienne établie en Asie et en Amérique de respecter une validité du PCR aussi courte.

Au-delà, selon diverses sources, l’annonce de l’ouverture partielle des frontières algériennes est un simple effet d’annonce des autorités. Il s’agirait plutôt d’une mise en place des vols de rapatriement des Algériens bloqués dans ces 4 pays dont certains depuis de nombreux mois. Rien qu’au niveau de la région de Marseille, en France, ce sont près de 20.000 Algériens qui y sont bloqués depuis la fermeture des frontières en mi-mars 2020.

Par Karim Zeidane
Le 26/05/2021 à 12h32, mis à jour le 26/05/2021 à 12h35