Tensions entre Paris et Alger: Darmanin demande aux préfets d'accélerer les expulsions

Gérard Darmanin, ministre français de l’Intérieur.

Gérard Darmanin, ministre français de l’Intérieur.. DR

Le 08/10/2021 à 15h31, mis à jour le 08/10/2021 à 15h33

La tension entre Paris et Alger n'est finalement pas retombée. En effet, selon le quotidien Le Parisien, le ministre de l'Intérieur français, Gérald Darmanin, aurait demandé aux préfets de passer outre les accords d'immigration et de retirer des titres de séjours.

Alors que des centaines d'Algériens débarquent chaque jour sur les côtes espagnoles pour ensuite prendre le chemin de la France, Paris est de plus en plus exaspérée par la vague migratoire et le fait savoir, en dépit de la tentative d'apaisement d'Emmanuel Macron après ses déclarations sur le système politico-militaire algérien.

En effet, selon le quotidien régional français, Le Parisien, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a fait demandé aux préfets de retirer purement et simplement des titres de séjour, officiellement, aux étrangers qui, sur le sol français, se rendent coupables de troubles à l'ordre public. Les préfets et les directeurs centraux de l'Intérieur sont ainsi priés de leur délivrer des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Une demande qui cible principalement les Algériens, l'unique communauté qui connaît des arrivées massives dans l'Hexagone depuis quelques semaines.

L'Algérie et la France sont liées depuis 1968 par un accord d'immigration qui garantit des droits réciproques aux citoyens d'un des pays établis dans l'autre. Cependant, Darmanin aurait demandé aux préfets de faire fi de cette convention. "Prenez des risques, leur aurait-il dit, selon un témoin que cite Le Parisien, "même si vos décisions sont ensuite cassées par les tribunaux".

Le quotidien régional a pratiquement obtenu confirmation de ces informations auprès des services du ministre de l'Intérieur. "Ce que Gérald Darmanin a demandé aux préfets, et c’est ce qu’il leur demande depuis un an maintenant, c’est de prendre les mesures de retrait de titres pour les étrangers qui troublent l’ordre public, dont les Algériens", d'après cette source proche du ministre français. La même source affirme que le ministre de l'Intérieur leur a dit que, "Si jamais il y a un risque juridique avec la convention de 1968, le juge tranchera et on aura fait avancer la jurisprudence".

Il est clair que Gérald Darmanin savait que de tels propos tenus devant une assistance de plusieurs dizaines de hauts responsables n'allaient non seulement pas faire l'unanimité, mais seraient vite ébruités dans la presse. Pourtant la volonté manifeste de lancer un énième message à Alger transparaissait dans son attitude. D'ailleurs, toujours selon Le Parisien, cela n'a pas échappé à l'un des participants qui s'en est ouvert au quotidien régional.

Darmanin "ne veut pas rajouter de la crise à la crise, mais en s’exprimant devant 150 personnes, il savait que ce sujet allait fuiter. Cela participe de cette pression mise sur l’Algérie", confirme l'un des participants auprès du Parisien.

Evidemment, la présidence française qui semble vouloir faire passer l'orage a préféré ne pas commenter ces informations qui remettent de l'huile sur le feu. Alger qui avait rappelé son ambassadeur après les propos d'Emmanuel Macron n'a pas réagi à ces nouvelles révélations du Parisien. Si elle devait le faire, il ne lui resterait plus qu'à aller alors vers la rupture des relations diplomatiques avec Paris.

Par Djamel Boutebour
Le 08/10/2021 à 15h31, mis à jour le 08/10/2021 à 15h33