Les rapports des institutions internationales se suivent et se rassemblent sur l’Algérie, y compris ceux émanant des institutions relevant des Nations Unies. Dernier en date, celui de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance), organisation onusienne en charge de défendre des droits des enfants et de favoriser leur plein épanouissement, intitulé «La transition des 15-24 vers la vie adulte».
Il s’agit d’un rapport qui met l’accent sur «la transition vers l’âge adulte, une étape cruciale du développement humain durant laquelle les jeunes prennent de nouveaux rôles et responsabilités», précise le rapport, qui explique qu’«une transition réussie à l’âge adulte est conditionnée par une bonne santé mentale et physique, et les moyens de la maintenir; un bon capital humain et social et des valeurs pro-sociales, afin de contribuer au bien-être collectif; une préparation adéquate aux rôles et obligations adultes; enfin, la capacité de faire des choix à travers l’acquis d’un sens de soi-même et d’un sens de compétence personnelle».
Ainsi, ce rapport se base sur une batterie d’indicateurs sur une population de jeunes de 15 à 24 ans représentant 23,3% de la population algérienne, soit 9,9 millions de jeunes, sur la base des données de 2018, dont l’éducation, la participation économique des jeunes, la santé…
Il en ressort que le taux de décrochage scolaire en Algérie est élevé. «Le taux de décrochage scolaire varie, aussi, en fonction du niveau d’instruction des parents: il est de 14,9% parmi les jeunes dont les parents ont suivi un enseignement supérieur, contre plus de 50% chez ceux dont les parents ont suivi un enseignement primaire ou ne sont pas allés à l’école», explique le rapport. L’UNICEF Algérie souligne également l’existence «d’un écart important entre le taux de décrochage scolaire chez les hommes et chez les femmes (56% pour les hommes, contre 40% pour les femmes)». Les disparités, souligne encore le rapport varient aussi selon la richesse: «18,2% des enfants du quintile le plus pauvre n’achèvent pas l’enseignement primaire, contre 1,8% des enfants du quintile le plus riche».
De même, le document de l’UNICEF souligne, qu’en comparaison aux standards internationaux, la qualité de l’instruction reçue par les jeunes est «basse», avec néanmoins une tendance à l’amélioration dans le temps.
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Concernant la participation des jeunes de cette tranche d'âge à la vie économique, l’instance onusienne souligne que ces jeunes sont beaucoup plus touchés par le chômage (26%) et l’exclusion économique (27%), par rapport au reste de la population, soulignant que «les jeunes diplômés universitaires sont particulièrement exposés à ce risque». Autre indicateur significatif, «la présence des femmes sur le marché du travail en Algérie est parmi les plus faibles du monde». Ainsi, «35% des jeunes femmes ne sont pas scolarisés, n’exercent aucun emploi et ne suivent aucune formation», selon ce rapport qui indique que le «taux d’activité chez les femmes algériennes est estimé à 8,9%».
«Rudement touchés par le chômage et la précarité, les jeunes algériens sont également confrontés à une faible scolarisation et une exclusion économique», résume le document de l'UNICEF.
Ce sont ces données, que les autorités ne veulent pas entendre, qui viennent de provoquer l’hystérie du régime. Et comme à l’accoutumée, c’est l’APS qui sort les premières salves pour ouvrir la brèche à d’autres spécialistes, en titrant: «Rapport de l’UNICEF: des mensonges énoncés volontairement pour noircir l’image de l’Algérie» et en se demandant «Où et pourquoi cette organisation est-elle allée chercher ça? Si ce n’est pour absolument noircir l’image de l’Algérie».
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Etonnant de demander les raisons qui ont poussé une institution onusienne en charge de l’enfance et de son épanouissement à s’interroger sur le décrochage scolaire et le chômage des jeunes. C’est pour éviter la réalité que les autorités essaient de cacher au peuple algérien en continuant, via des organes de propagande, de distiller des contre-vérités.
D’ailleurs, à ce titre, l’APS s’est même permis d’annoncer que «l’Algérie est le premier pays dans la sécurité alimentaire en Afrique», oubliant sa forte dépendance aux importations alimentaires et les pénuries tous azimut qui frappent continuellement le pays depuis des années, entraînant même un rationnement de certains produits, comme à l’époque des pénuries de l’ancien Union des république socialistes soviétiques (URSS). Les pénuries d’eau, de farine, d’huile, de semoule, de pomme de terre, de lait… sont chroniques en Algérie.
Il n'empêche, selon l’organe officiel du régime, que «les rédacteurs ont visiblement fait preuve de cécité et failli à leur mission car, en matière de mensonges, ils ont fait beaucoup mieux que certaines officines».
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Et, comme c’est toujours le cas avec le régime algérien, il faut trouver la «main invisible» derrière ce rapport, pour «justifier» aux Algériens que ces données ne correspondent pas à la réalité. Et l'Algérie n'aura pas cherché bien longtemps le coupable tout désigné puisque c'est bien souvent le même: le Maroc. «Cet énième rapport mensonger sur Algérie, qui porte la signature du représentant de l’UNICEF en Algérie, ce personnage qui émarge au Makhzen marocain, où il a obtenu son doctorat de médecine, ne passera pas», écrit l'APS. En clair, les diplômés du Maroc ne doivent plus travailler dans les institutions onusiennes et autres institutions financières.
Pour note, l'auteur du rapport de l'UNICEF, qui a déclenché l'hystérie algérienne, s'appelle Isselmou Boukhary et il est Mauritanien.
Ainsi, après le rapport de la Banque mondiale derrière lequel les autorités algériennes avait aussi vu la «main du Maroc», c'est autour de celui de l'UNICEF d'être accusé des même maux. «Ne soyons pas dupes, cet inadmissible rapport erroné a été commandé par les affabulateurs qui ont été derrière les rapports mensongers de la Banque mondiale et de ses relais», souligne l’APS.
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Seulement, les Algériens ne sont pas dupes. Les vagues de migrants clandestins de ces derniers mois sont une illustration parfaite de l’échec des dirigeants algériens et d’absence de perspectives des jeunes qui préfèrent tenter en masse la traversée de la Méditerranée pour de meilleures perspectives.