Alors que le confinement est prolongé jusqu'au 13 juin courant, les commerçants, plongés dans la précarité, n'en peuvent plus et le font savoir par des mouvements d'humeurs dans plusieurs villes.
A El-Eulma, cité qui vit essentiellement du commerce, avec 3.500 grossistes et semi-grossistes, l'heure est à la grogne. Durant le week-end, les principaux axes routiers menant vers cette localité stratégique du nord-est du pays ont été bloqués par ces acteurs qui dénoncent les mesures mises en places pour lutter contre l'épidémie.
Leurs homologues de Béjaïa ont suivi l'exemple. Sans aller jusqu'à la fermeture des axes routiers, ils ont clairement exprimé leur désaccord avec la vision des autorités.
Dimanche 31 mai, les personnes interviewées dans des vidéos diffusées dans les réseaux sociaux ont dénoncé des mesures "irresponsables" prises sans avoir prévu des "compensations". Certes, l'Etat a différé le calendrier fiscal et le paiement des charges sociales, néanmoins, beaucoup d'entreprises font face à des difficultés financières qui ne leur permettent pas de survivre à la crise.
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Dans d'autres wilayas comme Melilla, Ghardaïa ou Jilel, il y a eux un effet contamination qui a également poussé les acteurs économiques à sortir dans la rue pour les mêmes raisons.
Selon eux, la décision du gouvernement est d'autant moins compréhensible qu'au moment où toute activité économique est interdite, les congrès des deux partis au pouvoir, à savoir le Rassemblement national démocratique (RND) et Front de libération nationale (FLN) ont été autorisés et se sont effectivement tenus.
Sans citer le Maroc ou la Tunisie, les commerçants ont évoqué les compensations versées aux victimes économiques et à leurs salariés dans les pays qui ont pourtant une vocation libérale, alors que l'Algérie qui revendique la forme populaire de sa République n'a rien offert en matière de compensation.
A titre d'exemple, au Maroc, les salariés ont bénéficié d'une indemnité totale de l'ordre de 500 dollars pour faire face à l'impact du Covid-19. De plus, le paiement des échéances de crédit immobilier des particuliers et le remboursement des prêts aux entreprises impactées ont été suspendus pour une durée de trois mois.
En Tunisie, également, l'Etat a déboursé 300 millions de dinars pour prendre en charge le chômage technique et 150 millions de dinars en faveur des populations vulnérables. Il a aussi reporté les paiements des crédits des particuliers au revenu mensuel inférieur à 1.000 dinars sur une durée de 6 mois. De même, les PME, TPE et les professions libérales ont vu le paiement de leurs différentes échéances fiscales ou de crédit reporté.