Libye: la bataille de Syrte a bien lieu, malgré l'offre de cessez-le-feu de Haftar

L'offre de cessez-le-feu n'a finalement pas été acceptée par le gouvernement d'union nationale

L'offre de cessez-le-feu n'a finalement pas été acceptée par le gouvernement d'union nationale. DR

Le 08/06/2020 à 16h13, mis à jour le 08/06/2020 à 16h46

Le maréchal Khalifa Haftar avait donné son accord hier pour un cessez-le-feu dès ce lundi 8 juin. Malheureusement les troupes du gouvernement d'union nationale veulent coûte que coûte gagner la guerre.

Les combats font rage ce lundi 8 juin à Syrte, malgré le mini-sommet de ce week-end qui s'est tenu en Egypte auprès du maréchal Khalifa Haftar. C'est le signe que le gouvernement d'Union nationale de Fayez El-Serraj n'entend pas laisser du répit aux troupes du maréchal Khalifa Haftar, après sa récente série de victoires.

Cependant, si jusqu'ici, les troupes de Tripoli ont pratiquement gagné sans combattre, à Syrte la donne semble avoir changé, puisque l'ensemble des troupes de Haftar se sont repliées dans cette ville, qui est pratiquement la porte du croissant pétrolier. Une résistance nettement plus forte y attend aussi bien les troupes turques, les mercenaires syriens que les milices qui se battent pour compte du gouvernement de Tripoli reconnu par l'Organisation des Nations unies (ONU).

Pour répondre négativement à l'invitation de cessez-le-feu qui leur avait été lancée, hier dimanche par le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi et par le maréchal Khalifa Haftar, qui a donné son approbation, les troupes fidèles au GNA ont lancé tôt dans la matinée du lundi une salve de roquettes et de tirs d'armes lourdes sur Syrtes. Bilan: 7 morts. Il s'agirait de civils, dont trois enfants, selon leurs adversaires de l'Est.

Visiblement, la bataille de Syrte ne sera pas aussi facile que celle de Tarhouna et de Bani Walid. Ces deux localités étaient également contrôlées par les troupes de Khalifa Haftar, qui avaient néanmoins accepté de s'en retirer la semaine dernière. C'est aussi ce qui avait permis aux troupes du GNA de reprendre le contrôle de l'aéroport de Tripoli.

Mais, à Syrte, la situation est différente, puisque l'Armée nationale libyenne, le camp d'en face, peut compter sur les drones et les avions de chasse russes positionnés au sud de la ville. Les mercenaires de la société privée russe Wagner viennent également en renfort et sont basés à une vingtaine de kilomètres, toujours au sud de Syrte.

Deux importantes milices, dont le Bataillon 604, composé de salafistes, participent en outre aux forces de défense de ce poste avancé du maréchal Haftar.

Enfin, compte tenu de la position stratégique de Syrte, l'homme fort de l'Est libyen y a aussi dépêché une partie de la brigade de lutte anticriminalité de Benghazi, une unité d'élite venue du bastion du maréchal, à 500 km de là.

Au vu de la détermination du GNA, soutenu par les mercenaires syriens et les troupes turques et du refus de ses adversaires d'abdiquer, Syrte est devenu le nouveau champ de bataille de la guerre fratricide que se livrent Tripoli et Benghazi. Les deux camps semblent y convoyer l'essentiel de leurs forces. Tripoli a même demandé aux régions de l'Ouest qui le soutiennent, notamment Zawya, Tajoura et Djebel Nefoussa de répondre à son appel en envoyant le maximum de combattant à Syrte.

La question qui se pose est de savoir si des négociations sont encore possibles à court terme, car chaque camp se sait soutenu par des forces étrangères qui ne veulent pas perdre la face, avec d'un côté les Turcs et de l'autre les mercenaires russes et les Emiratis.

Le Premier ministre de Tripoli, Fayez El-Serraj devait être reçu ce lundi au Kremlin, mais à la dernière minute son voyage a été annulé par le gouvernement russe, sans qu'aucune explication ne soit communiquée pour le moment. La guerre de Libye, devenue principalement celle de Syrte, n'est pas sur le point de se terminer.

Par Ismail Traoré
Le 08/06/2020 à 16h13, mis à jour le 08/06/2020 à 16h46