Algérie: une étude de Deep Knowledge Group souligne l’échec du confinement sanitaire face au Covid-19

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Le 23/06/2020 à 16h42, mis à jour le 24/06/2020 à 13h14

Une étude du cabinet Deep Knowledge Group, basée à Hong Kong, montre que l’Algérie n’a pas réussi son confinement sanitaire face au Covid-19. Une sortie qui intervient au moment où la hausse des contaminations inquiète les professionnels de la santé.

L’ire d’Alger avait été provoquée par la dernière sortie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’évolution de la pandémie en Afrique. L’instance onusienne avait mis l’accent sur une accélération de la propagation en Algérie, en Egypte, au Nigeria, en Afrique du Sud et au Soudan. Cette réalité s’est confirmée depuis, et elle est reconnue aujourd’hui par les responsables sanitaires algériens. Mais voilà qu’une autre étude internationale vient classer l’Algérie parmi les pays qui ont raté leur confinement sanitaire face au Covid-19.

En effet, dans un rapport, Deep Knowledge Group, consortium d’organisations à but non lucratif fondé à Hong Kong, évalue la sûreté face au Covid-19 de 200 pays. Pour cela, il se base sur une batterie de 6 facteurs fondamentaux englobant plus de 130 critères qualitatifs et quantitatifs.

Les 6 facteurs sont:

Surveillance et détection (efficacité des tests, système de surveillance et gestion des catastrophes, fiabilité et transparence des données, etc.)

Efficience de la quarantaine (niveau de la quarantaine, restriction de voyage, chronologie de la quarantaine, soutien économique aux populations en quarantaine, etc.)

Efficacité gouvernementale et gestion des risques (rapidité de la mobilisation d’urgence, stabilité politique, soutenabilité économique, etc.)

Préparation aux soins de santé (disponibilité d’équipements, mobilisation de nouvelles ressources de santé, niveau de développement du système épidémiologique, etc.)

Résilience régionale (risque de propagation des infections, maladies chroniques, spécificités culturelles et discipline sociétale, etc.)

Préparation aux urgences (résilience aux situations d’urgence sociétale, capacités de surveillance, etc.)

Se basant sur les données de l’OMS, de l’Université Johns Hopkins, Worldometers et les centres pour la prévention des maladies (CDC) des Etats-Unis, l’étude a classé l’Algérie au 93e rang mondial sur un total de 200 pays en termes de sécurité sanitaire et d’efficacité des systèmes de prévention et de soins sous la pandémie du nouveau coronavirus avec un score de 461 points.

L’étude révèle plusieurs carences en ce qui concerne les six critères d’évaluation (Cf. graphe).

Par ailleurs, en matière de mise en quarantaine et de confinement, l’échec est aussi total avec un score de 82 points classant l’Algérie au 96e rang mondial. Le pays a échoué en matière de confinement. En effet, contrairement au Maroc (50e avec 104 points), qui a adopté le confinement total avec couvre-feu nocturne étendu sur tout leur territoire, l’Algérie avait opté pour un système ambivalent. Elle avait choisi un confinement total dans la région de Blida, épicentre de la pandémie dans le pays, et un confinement partiel sur le reste de son territoire. Du coup, les mesures ont eu une efficacité limitée comparativement aux pays voisins, qui ont mieux réussi leur confinement sanitaire.

En outre, l’Algérie affiche un faible score pour le critère Surveillance et détection, avec 80 points qui la classe au 96e rang mondial. A titre de comparaison, le Maroc occupe le 45e rang mondial avec un score de 94 points.

Quant à la capacité à réagir aux urgences, l’Algérie obtient un score léger de 52 points, qui la place au 89e rang mondial. Autrement dit, le pays n’était pas préparé à faire face aux cas d’urgence.

Conséquence de cet échec, la pandémie ne s’est pas ralentie. Elle tend même à connaître un nouvel envol, depuis le début d’un déconfinement que beaucoup de spécialistes jugeaient prématuré. La propagation du Covid-19 et la hausse des décès ces derniers jours inquiètent les autorités sanitaires. Ainsi, le porte-parole du Comité scientifique chargé du suivi de la station épidémiologique, Djamel Fourar a indiqué qu’une réinstauration du confinement dans certaines régions du pays, pour endiguer la probabilité d’une seconde vague, n’est pas à écarter.

L’Algérie a enregistré 11.920 cas du coronavirus depuis le déclenchement de la pandémie dont 8.559 cas confirmés et 852 décès.

Par Karim Zeidane
Le 23/06/2020 à 16h42, mis à jour le 24/06/2020 à 13h14