L’Algérie connait depuis plusieurs années, des problèmes de stress hydrique. Toutefois, la situation tend à devenir très critique depuis quelques mois et s’empire même depuis quelques semaines. Ainsi, à Alger, l’eau est rationnée et certains habitants restent toute la journée sans en voir une goutte dans les robinets.
Le problème, c’est l’ampleur même du phénomène quand on sait que ce sont 22 wilayas du pays (Alger, Boumerdès, Blida, Tipaza, Aïn Defla, Médéa, Bouira, Tizi Ouzou, …) qui sont aujourd’hui concernées par cette pénurie d’eau, dont la capitale Alger.
Et face à cette situation, sur le court terme, les autorités sont désarmées. Les seules solutions préconisées sont la lutte contre le gaspillage et la rationalisation de l’utilisation de la ressource hydrique. C’est dans cette optique que les stations de lavage de voiture ont été fermées à Alger. Après plusieurs semaines de perturbations, l’eau est en effet rationnée depuis le 26 juin, une première depuis le début des années 2000. La capitale est ainsi approvisionnée au précieux liquide entre 8h et 14h pour une partie de la ville et le reste de la journée pour l’autre. En réalité, selon les Algérois, le rationnement de l’eau est aléatoire et ne répond à aucune logique ou horaire. Parfois, certains habitants restent toute la journée sans une goutte d’eau dans les robinets.
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Conséquence, les prix des citernes d’eau se sont envolés et les habitants des étages supérieurs des immeubles sont obligés de descendre dans les étages inférieurs pour remplir des bidons d’eau.
Face aux questions des citoyens, les autorités essayent de justifier l’injustifiable privation de l’eau à la population en avançant des raisons naturelles notamment la sécheresse. Celle-ci serait à l’origine du tarissement des barrages et donc du stress hydrique, selon elles. Ce qui est en partie vrai. A titre d’exemple, autour d’Alger, le barrage de Keddara qui alimente la capitale s’est retrouvé avec un taux de remplissage de moins de 20%. Plusieurs autres barrages de la région tournent avec des taux autour de 15%.
Seulement, cela n’est justifié que par l’absence d’anticipation des autorités sachant que le changement climatique et les sécheresses sont des données que les gouvernants ne sont pas censés ignorer. En clair, l’absence de pluie n’explique pas tout dans un pays globalement désertique.
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Il y a aussi la faiblesse des investissements dans les infrastructures dédiées: barrages et unités de dessalement de l’eau de mer. Ainsi, il y a un déficit notable de barrages, pourtant à même d’éviter que les eaux des pluies ne se déversent dans l’océan.
Et concernant les stations de dessalement d’eau de mer, certaines sont aujourd’hui à l’arrêt ou ne fonctionne pas en plein régime, faute d’entretien. C’est le cas des stations de Souk Tlata et d’El Magtaâ à l’arrêt depuis 2 ans.
En plus, trois grandes unités dont les réalisations ont été annoncées durant la période faste de 2007-2014 n’ont pas connu de début d’exécution, faute de budget après la chute du cours du baril du pétrole en 2014. C’est le cas de la station de Fouka (Tipasa) censée approvisionner les wilayas de l’Est du pays et ce, depuis 2018. Cette station d’une capacité de 300.000 m3 était, au départ, prévue à Alger-Ouest avant d’être délocalisée à Fouka à cause des problèmes de fonciers et d’appels d’offres infructueux. Si elle avait été réalisée, Alger n'aurait pas connu de déficit hydrique aussi grave.
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Les gouvernements ayant gelé plusieurs projets à cause de la crise financière aiguë qu’a traversée le pays dans le sillage de la chute du cours du baril de pétrole à partir de 2014, plusieurs projets ont été reportés. D’ailleurs, 3 unités de dessalement d’eau de mer n’ont pas pu voir le jour à cause de la chute brutale du cours du baril de l’or noir cette année-là.
Enfin, il y a la mauvaise gestion de l’Algérienne des Eaux qui produit l’eau potable. Depuis 2014 et la chute du cours du baril, elle n’arrive même pas à payer ses factures d’électricité et traîne une lourde ardoise chez Sonelgaz. En conséquence, elle ne dispose plus de ressources pour investir et entretenir ses stations de dessalement d’eau.
Face à cette situation critique, et afin d’éviter que la tension ne monte, les autorités annoncent des mesures d’urgence et multiplient les effets d’annonces. Ainsi, concernant les mesures d’urgence visant à pallier rapidement un déficit hydrique dans les grandes villes, les autorités prévoient des transferts d’eau de certains barrages vers d’autres régions très déficitaires, la multiplication des forages et le lancement de nouvelles unités de dessalement d’eau de mer.
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Pour ces mesures d’urgence, les autorités ont annoncé une enveloppe de 150 milliards de dinars, soit 1,15 milliard de dollars. Et ces mesures ne sont pas sans conséquences néfastes. En effet, en accentuant les forages, les autorités vont entraîner une surexploitation des nappes souterraines du pays avec des conséquences désastreuses à long terme en accélérant la déforestation du pays qui ne fera qu’aggraver le stress hydrique dans les années à venir.
Quant au recours massif aux stations de dessalement d’eau qui devront assurer 50% des besoins en eau potable à l’horizon 2030, elles deviennent la seule alternative des autorités. Quatre sont en cours d’achèvement dont trois viendront approvisionner la capitale Alger et trois autres seront lancées incessamment selon les autorités dans d’autres régions du pays. Toutefois, annoncées et réalisées à la hâte, ces stations dont les travaux ont été déclenchées en mars dernier sont globalement de très petites tailles avec souvent des capacités de traitement allant de 5.000m3/jour à 10.000 m3/jour. Ce qui est très faible face aux déficits enregistrés à Alger et dans les régions.
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Rappelons que l’Algérie dispose de 11 stations de dessalement dont 9 fonctionnent actuellement à plein régime, selon les autorités, une est à l’arrêt et l’autre fonctionne à moins de 50% de ses capacités. En réalité, certaines unités connaissent de réels problèmes d'entretien
Et si les autorités avancent que plusieurs unités de dessalement d’eau de mer seront inaugurées en juillet et août prochains, les citoyens, après avoir été assoiffés par l’absence de politiques d’anticipation de leurs dirigeants, devront mettre davantage la main à la poche à l’avenir. En effet, le dessalement d’eau de mer étant coûteux, les autorités comptent bien faire payer la facture aux citoyens en avançant que le mètre cube d’eau dessalée coûte entre 60 et 120 dinars algérien. Un coût largement supérieur au tarif facturé au consommateur.
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Pourtant, les autorités, qui dépensent chaque année plus de 10 milliards de dollars en équipement militaires pour enrichir davantage les généraux qui prélèvent au passage de conséquentes commissions sur les contrats d’armes, pouvaient au moins assurer à la population algérienne l’accès à l’eau potable en investissant annuellement, ne serait que 10% du budget d’armement dans des barrages et unités de dessalement !