La détérioration du pouvoir d’achat des Algériens depuis quelques années et qui s’est aggravée surtout au cours des trois dernières années sous l’effet des pénuries de produits et des hausses généralisées des prix consécutives aux politiques mises en place par les autorités ont impacté négativement sur l’alimentation des Algériens.
Cette perte de pouvoir d’achat impacte négativement sur le panier de la ménagère algérienne obligée de se délester de certains produits alimentaires, comme les protéines animales, pourtant indispensables à l’organisme, à cause des revenus qui ne peuvent suivre la flambée des cours.
L’une des conséquences de cette situation est que la viande rouge est devenue un produit de luxe en Algérie où la consommation de ce produit a fortement chuté au cours de ces dernières années.
Ainsi, selon Algérie-Part, se basant sur le Food Outlook du FAO, un rapport bi-annuel sur les Perspectives de l’alimentation et les marchés de Food and agriculture organisation (FAO), une institution relevant de l’Organisation des nations unies (ONU), l’Algérie enregistre une consommation moyenne de viande rouge par habitant et par an de 18,6 kg.
Une moyenne très faible qui classe l’Algérie au bas du classement au niveau du monde arabe. En effet, le pays ne devance au niveau de la région que le Yémen où la consommation de viande rouge est de seulement 16,87 kg. Quant on sait que le Yémen est embourbé dans une guerre civile depuis 7 ans et que rien ne fonctionne normalement dans ce pays qui vit surtout de l’aide alimentaire internationale, on comprend le niveau de détérioration du pouvoir d’achat des Algériens.
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Selon Algérie-Part, «C’est un signe qui ne trompe pas. C’est un signal qui démontre clairement que l’Algérie fait face à un danger majeur d’appauvrissement de sa population. La viande rouge est devenue un luxe inaccessible pour la majorité de la population algérienne en raison des revenus très faibles des foyers algériens et de leur niveau de vie en constante régression».
A titre de comparaison, selon cette étude, le Marocain consomme en moyenne 35,12 kg de viande rouge par habitant et par an, soit presque le double de la consommation d’un Algérien.
De même, le Tunisien consomme 28,36 kg de viande rouge par habitant et par an, soit en moyenne 10 kg de plus que l’Algérien. Même le Liban, pays en quasi faillite financière, les populations consomment plus de viandes rouges que les Algériens avec une consommation moyenne de 23,97 kg.
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A noter qu’au niveau des pays pétroliers et gaziers du monde arabe, la consommation de viande rouge est très élevée. Aux Emirats arabe unis, en Arabie Saoudite et au Koweït, les consommations moyennes de viande rouge sont de respectivement 62 kg/ht/an, 54,12 kg/ht/an et 67 kg/ht/an.
Et la situation risque de s’empirer face à la détérioration continue du pouvoir d’achat. Le problème ne touche pas que la viande rouge. La viande blanche sur laquelle les Algériens s’étaient tournés est aussi devenue inaccessible pour de nombreuses bourses. Les prix du poulet ont pris des ailes et le kilogramme est passé de 320 à 500 dinars. Ceux des pâtes ordinaires les plus consommés sont passés de 40 à 80 dinars. Même la pomme de terre, produit de grande consommation, a vu son prix grimper de manière vertigineuse passant de 50 à 130-140 dinars le kilogramme.
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Conséquence, «le travailleur algérien ne peut plus supporter la cherté de la vie», expliquait en septembre dernier Boualem Amoura du Setef, syndicat de l’éducation, qui soulignait que pour survivre, «les gens se privent, c’est la seule façon pour eux de faire face à la cherté». C’est ce qui explique cette baisse de la consommation de viande rouge.
Une situation qui avait fait monter au créneau les syndicats qui avaient menacé de déclencher des mouvements de protestation. Malgré les promesses de l’Etat, d’ailleurs non tenues en ce qui concerne la stabilisation des prix et la hausse des salaires, les syndicats des secteurs clés de l’éducation et de la santé ont entamé des mouvements de grève à cause de la détérioration du pouvoir d’achat des fonctionnaires.
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Selon une étude sur les salaires rendue publique par les syndicats, 34% des travailleurs algériens sont menacés de pauvreté. Il faut dire qu’avec un SMIG de 20.000 dinars, soit 147 dollars, et au prix de 2.000 dinars le kg de la viande de mouton, le smicard algérien ne peut s’offrir que 10 kg de viande avec son salaire. Et sachant que le salaire moyen en Algérie est de 35.000 dinars, soit 257 dollars, on comprend pourquoi les Algériens sont obligés de se priver de la viande rouge et pas seulement pour survivre.