Algérie: pénuries de pommes de terre et semoule, des signaux inquiétants à quelques jours du ramadan

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Le 17/03/2022 à 16h58, mis à jour le 17/03/2022 à 17h02

Après la pomme de terre, c’est la semoule qui fait parler d’elle. Des pénuries et des hausses des prix inquiètent les citoyens algériens à quelques jours du début du mois de ramadan, malgré les assurances des autorités algériennes.

En Algérie, le mois de ramadan rime, ces dernières années, avec pénurie. Et celui de cette année qui pointe son nez à l’horizon risque de ne pas faire exception. En effet, à exactement deux semaines du début du mois sacré, des pénuries de produits de très grande consommation accompagnées d’une flambée des prix sont annoncées.

Toute la semaine écoulée, c’est la pomme de terre qui a fait parler d’elle. A cause d’une disponibilité faible, les prix de ce féculent se sont envolés pour atteindre les 150 dinars le kilo, alors que normalement le prix varie entre 50 et 70 dinars le kilo. Une situation qui s’explique essentiellement par une indisponibilité de ce produit consommée très largement par les couches populaires poussant les autorités à autoriser des importations de 100.000 tonnes, dont 30.000 immédiatement, afin de faire face à la forte demande de ce produit durant le mois de ramadan.

La décision de recourir à l’importation, après plusieurs années d’autosuffisance, sonne comme un aveu d’échec de la politique agricole menée par le gouvernement.

Et alors que la crise de la pomme de terre n’a pas totalement été solutionnée, c’est au tour de la semoule de susciter l’inquiétude des ménages algériens. Ce produit est indisponible dans certains points de vente et ce, même dans la capitale, Alger. Une situation qui a suscité une ruée sur la semoule dans certaines régions. Ainsi, à Béjaïa, une longue file d'attente s’est formée devant le point de vente des produits céréaliers, ouvert au grand public, au niveau du complexe Les Moulins de la Soummam.

Pourtant, selon les responsables des minoteries, la semoule existe en quantité suffisante. La crise Russie-Ukraine pousse les citoyens à craindre une pénurie de blé et de maïs et donc de semoule poussant certaines familles à vouloir acheter d’importantes quantités entrainant des perturbations dans l’approvisionnement des points de vente dédiés et des commerces. Toutes les rumeurs annonçant une prochaine pénurie de ces céréales pourraient expliquer les craintes des citoyens. Pourtant, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a multiplié les sorties pour affirmer que «l’Algérie dispose d’un stock de céréales suffisant jusqu’à la fin de l’année en cours». Une affirmation qui ne semble pas avoir rassuré grand monde.

A Tizi Ouzou, même constat. La semoule a disparu de nombreux points de vente et les dépositaires qui arrivent à s’en procurer la vendent à des prix élevés. Ainsi, alors que le prix du sac de 25 kilos était de seulement 1.000 dinars, il a atteint les 1.500 dinars, bien que le produit soit subventionné et le prix fixe. Et face à ces pénuries, certains commerçants, qui disposent encore de cette marchandise, ont tout simplement décidé de rationner la vente en n’accordant pas plus d’un sac par client.

Au-delà, les pénuries de pomme de terre et de semoule ne sont que des signaux parmi d’autres qui inquiètent les consommateurs algériens qui font face chaque année à des hausse et des pénuries intempestives à la veille du début du mois sacré de ramadan.

En effet, à mesure que le ramadan approche, les hausses des prix se multiplient. Elles touchent, en plus de la pomme de terre, d’autres légumes et fruits, les viandes rouges…

Si la décision des autorités d’importer la pomme de terre pourrait calmer l'augmentation des tarifs pour ce produit, il en sera tout autre pour la viande. Alors que le ministre du Commerce avait fait part de l’importation de 3.000 tonnes de viandes congelées pour atténuer la pression sur le prix, le président Abdelmadjid Tebboune a opposé son véto à l’importation de cette denrée.

De plus, les citoyens algériens craignent aussi des pénuries sur le lait en sachet subventionné, l’huile et d’autres produits alimentaires, en dépit des interdictions d’exportation annoncées par les autorités concernant la farine, le sucre, l’huile, les pâtes et leurs dérivés.

Par Karim Zeidane
Le 17/03/2022 à 16h58, mis à jour le 17/03/2022 à 17h02