Nigeria: pourquoi les compagnies aériennes étrangères quittent le pays

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Le 23/10/2016 à 16h29, mis à jour le 23/10/2016 à 17h26

Plusieurs compagnies aériennes internationales ont décidé d’arrêter ou de diminuer leur voilure sur la desserte nigériane. Une multitude de facteurs défavorables explique les difficultés que connaissent les compagnies aériennes et qui les poussent à abandonner la destination.

Le Nigeria, puissance économique et pays le plus peuplé du continent avec plus de 186 millions d’habitants, n’attire plus les compagnies aériennes internationales. Celles qui desservaient le pays jusqu’à présent ont commencé à revoir leur stratégie face à la crise multidimensionnelle que traverse le pays et qui affecte particulièrement le secteur du transport aérien.

Ainsi, certaines compagnies ont tout simplement suspendu la destination nigériane. Parmi celles-ci figurent l’américain United airlines et l’espagnol Iberia qui ne desservent plus le Nigeria depuis quelque temps à cause d’une conjoncture défavorable. D’autres ont préféré ne pas couper les ponts avec ce pays stratégique mais réduisent leur voilure sur la destination. C’est le cas d’Air France qui a révisé à la baisse le nombre de ses vols au Nigeria et en y affectant des avions de moindres capacités qu'auparavant.

Même le géant Emirates qui avait lancé une offensive sur le continent est en train de revoir ses cartes. «Nous sommes en train de réfléchir sur ces destinations, pour voir lesquelles ne sont pas rentables pour nous», a souligné Tim Clark, le président directeur général de la compagnie, en marge de la conférence de l’Association internationale du transport aérien (IATA) qui se tenait à Dubaï. D’ailleurs, la compagnie devrait mettre à exécution, le samedi 22 octobre, la suspension de ses opérations sur l’aéroport international d’Abuja, au Nigeria. 

Comment expliquer que les compagnies aériennes internationales se détournent du Nigeria? Plusieurs facteurs contribuent à ces changements de stratégie des compagnies aériennes. D’abord, à cause de la crise née de la chute des cours du pétrole qui a entrainé la baisse des recettes. La monnaie nigériane, le naira, a connu une dévaluation de plus de 30%. Une situation qui se traduit par un manque à gagner important en devises étrangères pour les compagnies aériennes qui continuent de commercialiser les billets pratiquement au même prix.

Les causes

Ensuite, à cause de la rareté des devises consécutive à la chute des recettes tirées du pétrole, l’Etat nigérian a entrepris des restrictions sur le marché de change en empêchant les compagnies à transférer les recettes des ventes de billets en devises. En outre, le Nigeria, second producteur de pétrole du continent, ne dispose pas de kérosène suffisant pour faire face à la demande des compagnies aériennes et doit en importer. La forte dévaluation de la monnaie locale renchérit le coût d’achat de carburant au Nigeria, augmentant sensiblement le coût d’exploitation des compagnies qui desservent le pays. Du coup, face à la rareté et à la forte hausse du prix du kérosène au niveau des aéroports du pays, les avions de certaines compagnies aériennes étrangères étaient obligées de faire des escales dans d’autres pays de la sous-région pour faire le plein en kérosène avant de rallier Lagos ou Abuja. Une situation qui renchérit davantage les coûts des vols sur le pays du fait qu’il faut engager des dépenses dans ces aéroports d’escale.

Face à tous ces facteurs et à la baisse du nombre de voyageurs à cause du renchérissement des billets d’avion consécutif à la dévaluation, certaines compagnies aériennes n’avaient d’autres choix que d’arrêter la desserte ou au moins réduire le nombre de dessertes et les coûts en attendant que la conjoncture devienne plus favorable.

Enfin, outre les facteurs cités, les grandes compagnies européennes, américaines et asiatiques font face à une concurrence acharnée et compétitive des compagnies africaines, notamment de la part d’Ethiopian airlines, et dans une moindre mesure Kenya airways, sur le marché nigérian, ce qui tend à réduire leur marge.

Par Moussa Diop
Le 23/10/2016 à 16h29, mis à jour le 23/10/2016 à 17h26