Croissance: l’Egypte consolide sa position de seconde puissance économique du continent

Vue nocturne du Caire, la capitale égyptienne.

Vue nocturne du Caire, la capitale égyptienne. . DR

Le 06/09/2022 à 13h30, mis à jour le 06/09/2022 à 13h31

L’Egypte a enregistré l’une des plus fortes croissances économiques du continent. Son produit intérieur brut (PIB) s’est établi, au terme de l’exercice 2021-2022, à 410,2 milliards de dollars, consolidant son rang de seconde économie africaine. Toutefois, l’inflation continue d’inquiéter.

En dépit des impacts négatifs du Covid-19 et surtout des effets négatifs de la guerre Russie-Ukraine, l’économie égyptienne a surperformé. Grâce notamment aux réformes entreprises au cours de ces dernières années, l’économie égyptienne a su entretenir une dynamique de croissance malgré un contexte international défavorable. Le pays a enregistré au titre de l’exercice fiscal 2021-2022 (1er juillet 2021-30 juin 2022) un taux de croissance en hausse de 6,6% comparativement à la même période de l’exercice précédent.

C’est le taux de croissance le plus élevé enregistré par le pays depuis 2008. Ainsi, en volume, le PIB s’est établi à 410,2 milliards de dollars. Le pays consolide ainsi sa position de seconde puissance économique africaine derrière le Nigeria. Cette forte croissance a impacté positivement la création d’emplois, contribuant à baisser le taux de chômage à 7,2% de la population active à fin juin 2022, soit le plus bas niveau enregistré depuis plus de 30 ans. Et pour l’exercice 2022-2023, le gouvernement égyptien table sur une croissance de l’ordre de 5,5%.

Le pays a bénéficié de la reprise du secteur du tourisme (hausse des recettes touristiques de 164,52% à 8,2 milliards de dollars durant les 9 premiers mois de l’exercice 2021-2022) après deux années difficiles à cause du Covid-19, de la hausse des transferts des migrants égyptiens qui ont atteint un niveau record de 32 milliards de dollars au titre de l’exercice écoulé, de la dynamique du secteur exportateur, du bon comportement de nombreux secteurs d’activité (industries extractives, production manufacturière, agriculture, télécommunications, immobilier…) et du secteur des hydrocarbures qui bénéficie de la flambée des cours du pétrole et du gaz.

Toutefois, le pays est touché par une forte inflation qui érode le pouvoir d’achat des citoyens. Le taux d’inflation tourne autour de 15%, porté essentiellement par la flambée des prix des denrées alimentaires. Cette situation résulte surtout de la flambée des cours de certains produits agricoles et alimentaires importées, notamment les céréales comme le blé, dont l’Egypte est le premier importateur mondial (13 millions de tonnes par an), et de la dévaluation de la livre égyptienne qui a atteint actuellement son deuxième plus bas historique face au dollar (19 livres pour 1 dollar), après le niveau atteint lors de la brutale dévaluation de novembre 2016. Une situation qui accentue le nombre de pauvres, estimé à 30 millions sur une population totale d’environ 105 millions d’habitants.

Et afin de consolider cette dynamique de croissance et atténuer l’impact de la crise ukrainienne, le gouvernement égyptien compte parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un nouveau programme de financement de plusieurs milliards de dollars visant à immuniser davantage l’économie nationale contre les chocs extérieurs liés au conflit russo-ukrainien. Dans cette optique, les autorités égyptiennes se sont engagées à des privatisations qui devraient toucher plusieurs secteurs (énergies renouvelables, usines de dessalement d’eau de mer, éducation, banques…) et générer 10 milliards de dollars par an au cours des 4 prochaines années. Le gouvernement compte se retirer de ces secteurs au profit du privé.

L’objectif est de stimuler l’investissement privé, qui représente environ 30% des investissements actuellement, avec l’objectif qu’il atteigne 65% d’ici 4 ans et devienne la locomotive de l’économie égyptienne. Ces privatisations devraient aussi contribuer à attirer les investisseurs étrangers dans certains secteurs clés. Il s'agit notamment des énergies renouvelables, de la production d’hydrogène vert, de l'industrie automobile, des hydrocarbures…

Par Moussa Diop
Le 06/09/2022 à 13h30, mis à jour le 06/09/2022 à 13h31