Cameroun: divergence de vues au sujet de l’organisation d’une «Conférence générale anglophone»

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Le 01/08/2018 à 15h13, mis à jour le 01/08/2018 à 15h19

Le gouvernement et l’Eglise ne sont pas d’accord sur les préalables à l'organisation d'une conférence générale sur la crise anglophone. Voici pourquoi.

Des leaders religieux (catholiques, musulmans et protestants) se sont réunis la semaine dernière dans la métropole économique du Cameroun, à l’initiative du cardinal Christian Tumi, archevêque émérite de Douala. Ce, dans l’objectif de proposer des solutions pour une sortie de la crise anglophone qui sévit depuis octobre 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Au sortir de ce conclave, la proposition des religieux a pris la forme d’une «Conférence générale anglophone» qui se tiendrait à Buea, la capitale régionale du Sud-Ouest, les 29 et 30 août. Une forme de dialogue national sur la question du problème anglophone ouvert à tous, avec pour objectif : «la recherche commune d’une paix définitive et durable au problème anglophone et à la crise anglophone au Cameroun». Des préalables ont cependant été posés à la tenue de l’événement.

Entre autres, le retrait des forces de défense et de sécurité dans les deux régions, le dépôt des armes par les sécessionnistes et la libération de toutes les personnes impliquées ou détenues dans le cadre de ce conflit. D’où la pomme de la discorde avec le gouvernement camerounais pour lequel la relaxe des «terroristes» et le retrait des forces de défense sont inenvisageables.

«Tout en leur reconnaissant respect et considération, eu égard à leurs missions sacerdotales, nous ne pensons pas, avec humilité, qu’il leur soit échu en partage, de prescrire au gouvernement le retrait de nos forces de défense et de sécurité de ces régions victimes de terrorisme», déclare le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. Pour ce dernier, sans la présence de ces forces, les sécessionnistes auraient tout détruit et hissé leur drapeau partout où ils en auraient convenance.

«Ils reprochent à nos forces d’accomplir leurs missions: celle de protéger l’intégrité territoriale, celle de protéger les institutions, celle de garantir la libre circulation des hommes et des biens. Quelles garanties peuvent-ils donner au gouvernement que leur initiative trouverait l’assentiment de tous ces groupes armés qui prospèrent en prenant des otages et en réclamant des rançons? Depuis quand impose-t-on des préalables à un Etat légal et légitime qui lutte contre une insurrection armée? Comment peut-on demander de libérer des commanditaires et des criminels qui ont perpétré des assassinats, brûlé des écoles? Faut-il rappeler que dans un Etat de droit, l’impunité n’est pas la règle?», s’interroge le porte-parole du gouvernement camerounais. 

Si le gouvernement indique être ouvert à toutes les initiatives qui concourent à la restauration de la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le projet de «Conférence générale anglophone» qui fait actuellement couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays, ne semble pas avoir son assentiment. Ce, dans un contexte où la situation reste tendue sur le terrain avec l’assassinat de prélats, l’attaque d’édifices publics et les enlèvements qui se poursuivent.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 01/08/2018 à 15h13, mis à jour le 01/08/2018 à 15h19