Le gouvernement camerounais est formel: la crise qui secoue les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis fin 2016 «illustre à suffire le caractère inédit et désolant des effets de la consommation des drogues par nos jeunes compatriotes». Face à la presse mardi 28 août 2018 à Yaoundé, la capitale, le ministre de la Communication a déclaré que des jeunes Camerounais «drogués à la folie» sont «enrôlés» dans les rangs des sécessionnistes et «transformés en de véritables machines à tuer».
C’est ainsi que sous l’effet de divers stupéfiants, ces jeunes ont perpétré des actes d’«une violence inouïe»: attaques des édifices publics et des écoles, attentats à la bombe, destructions des biens appartenant aux autorités publiques, assassinats des forces de l’ordre, des autorités traditionnelles et des civils, énumère, entres autres, le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary.
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«Toujours sous l’effet des drogues, ces jeunes font usage d’armes de guerre et autres arsenaux militaires dans différentes localités des régions sous tension», a-t-il poursuivi. Face à la gravité de la situation, le gouvernement a décidé de passer à la phase répressive.
«Le président de la République a fermement prescrit la mise en place d’une véritable ceinture de sécurité, par une application stricte et rigoureuse du cadre réglementaire», a notamment indiqué le ministre de la Communication. Le 22 janvier 2018, le gouvernement a lancé la campagne nationale de lutte contre les drogues. Celle-ci vise notamment la promotion des activités alternatives afin d’occuper utilement les jeunes.
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Malgré les nombreux efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre la culture, la consommation et la commercialisation de la drogue dans le pays, force est de constater que le phénomène a pris des proportions inquiétantes.
Selon le Comité national de lutte contre la drogue en effet, 60% de jeunes âgés entre 20 et 25 ans consomment régulièrement des drogues dures. Par ailleurs, plus de 12.000 jeunes de moins de 15 ans sont concernés par l’usage des stupéfiants et des psychotropes au Cameroun, selon les mêmes chiffres. Le cannabis (58,54%), le tramol (44,62%) et la cocaïne (12,10%) sont les substances les plus demandées dans le pays.