Le Japon reçoit des dizaines de dirigeants d’Afrique, du mercredi 28 au vendredi 30 août, pour tenter de renforcer la présence de ses entreprises sur ce continent riche en ressources naturelles et en pleine croissance, face à une Chine de plus en plus conquérante. Parmi les dirigeants attendus figurent le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, et le président sud-africain, Cyril Ramaphosa. Plus de 150 entreprises japonaises tiendront une exposition en marge des rencontres officielles.
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Pour le premier ministre Shinzo Abe, cette septième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), co-organisée avec l’ONU, la Banque mondiale et l’Union africaine depuis 1993, doit permettre au Japon d’« engager une action conséquente » sur le continent. Mais la Chine, qui lui a emboîté le pas avec sa propre conférence, le dépasse à présent largement par les sommes qu’elle engage : 60 milliards de dollars (environ 54 milliards d’euros) de nouveaux financements promis au cours du sommet Chine-Afrique de l’an dernier, le double exactement des engagements de la dernière Ticad, en 2016.
Des projets en Egypte, au Kenya et à Djibouti
Cette semaine, le pays du soleil levant ne devrait cependant pas faire la course au chiffre. Il choisit de se distinguer plutôt en affichant une volonté d’accompagner ses investissements « de qualité » d’un « développement des ressources humaines » locales et d’en limiter le fardeau en termes d’endettement, dans une comparaison à peine voilée avec son grand voisin et concurrent asiatique. Le faramineux projet d’infrastructures des « nouvelles routes de la soie » lancé en 2013 par Pékin pour connecter l’Asie, l’Europe et l’Afrique à la Chine a été accusé de favoriser les entreprises et ouvriers chinois au détriment des économies locales, d’enferrer les pays hôtes dans la dette et de ne pas tenir compte des droits humains et de l’environnement.
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Les infrastructures développées « avec des investissements ou des prêts chinois peuvent parfois aboutir à un endettement très lourd pour certains pays », a déclaré lors d’un point de presse Masahiko Kiya, un diplomate japonais responsable de la Ticad. Pour M. Kiya, la « qualité supérieure » des infrastructures japonaises et le suivi de la maintenance locale leur assure « un coût moins élevé sur le long terme ». « La seule livraison de l’infrastructure ou de l’équipement n’est pas la fin du projet », dit-il.
La Ticad est une bonne occasion pour le Japon d’envoyer un message sur « ses prêts pratiques et bien planifiés », estime Sawaka Takazaki, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique de l’Agence publique japonaise de promotion du commerce extérieur (Jetro). Tokyo devrait entre autres annoncer cette semaine un prêt de 400 milliards de yens (3,4 milliards d’euros) pour financer des énergies renouvelables, dont l’extension d’équipements éoliens en Egypte et des unités géothermiques au Kenya ou à Djibouti. L’Etat japonais et la Banque africaine de développement devraient aussi annoncer conjointement des projets de plus de 300 milliards de yens pour des infrastructures « transparentes et de qualité », indique le Nikkei.
« Une diplomatie silencieuse et non impliquée »
En Afrique, le Japon est perçu comme menant « une diplomatie silencieuse et non impliquée », analyse Mohamed Diatta, chercheur à l’Institute for Security Studies, en Ethiopie. « Le Japon est un partenaire de développement moins intrusif que des pays comme la Chine ou la Russie », même s’il a « ses intérêts économiques à satisfaire », dit M. Diatta à l’AFP : « Il n’a pas une présence dominatrice. » « Le Japon contribue depuis longtemps au développement socio-économique du Rwanda, mais il ne joue néanmoins pas dans la même division que la Chine, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l’Union européenne en ce qui concerne son influence dans ce pays », explique à l’AFP Christopher Kayumba, un commentateur politique rwandais.
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Le stock d’investissements directs japonais en Afrique, soit la valeur cumulative de tous les investissements année après année, s’élevait à 7,8 milliards de dollars fin 2017, contre 43 milliards pour la Chine, selon l’agence Jetro. Quant aux exportations nippones vers l’Afrique, elles ont chuté de plus de 27 % depuis 2008, tandis que celles de la Chine ont fait un bond de près de 50 % sur la dernière décennie, selon la même source. « Je ne peux m’empêcher de dire que le monde japonais des affaires est à la traîne en Afrique, déplore Nobuhiko Sasaki, président du Jetro. La Ticad sera un test pour le Japon et les entreprises japonaises. »