L’ex-homme fort du pays a été promu “héros national” par son parti, la Zanu-PF, qui l’avait lâché fin 2017, précipitant sa chute après trente-sept ans au pouvoir.
Samedi, les drapeaux étaient en berne dans les rues de la capitale Harare, mais tous les magasins ouverts. La plupart des habitants semblaient indifférents à la disparition de Robert Mugabe, occupés avant tout à survivre dans un pays plongé depuis vingt ans dans une profonde crise économique et financière.
“Pourquoi être en deuil quand on souffre comme ça ?”, a expliqué Ozias Puti, 55 ans, qui vend du gingembre dans la rue, “il a détruit ce pays”.
“La fin d’une ère. Mugabe mort, il laisse un pays pauvre et divisé”, titrait le quotidien privé Daily News, alors que le Herald, journal d’Etat, consacrait une édition spéciale au “Camarade Bob”.
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Des grappes de personnes se sont cependant rassemblées samedi matin dans la capitale pour célébrer leur héros. “On est triste car il était notre premier président”, a témoigné à l’AFP Ogriver Jeure, vêtu d’un tee-shirt à l’effigie du disparu.
Il “a permis à la plupart des Zimbabwéens d’accéder à l‘éducation et d’avoir des bourses”, a expliqué Comrade Bhobhi. “Evidemment il a aussi échoué dans certains domaines, mais sur le plan de l‘éducation il a vraiment réussi”.
“On n’aura jamais un président comme Mugabe, qui pendant son règne a eu le cran de dire en face aux Britanniques qu’ils étaient stupides“, a ajouté Vivian Jena, en écho aux relations exécrables que l’ex-puissance coloniale a entretenu avec le régime Mugabe.
Aucune information n’a encore filtré sur la date du rapatriement de la dépouille et la date des funérailles.
Robert Mugabe s’est éteint vendredi “entouré de sa famille” dans un hôpital de Singapour, où il a été hospitalisé cette semaine, selon un proche de sa famille.
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Le corps sera “probablement rapatrié la semaine prochaine”, a seulement dit vendredi son neveu par alliance Adam Molai.
“Espoirs trahis”
Des proches ont toutefois commencé à se réunir à Zvimba, près d’Harare, où l’ancien président possédait une propriété, selon son neveu Léo Mugabe.
Vendredi soir, le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé en 2017 à Robert Mugabe à la faveur d’un coup de force de l’armée, a rendu un hommage appuyé à une “icône”.
Il a décrété un deuil dans tout le pays jusqu’aux funérailles, en l’honneur a-t-il dit d’un des derniers “pères de l’indépendance” en Afrique.
De nombreux pays africains et la Chine ont également rendu un hommage appuyé et unanime au “libérateur” du Zimbabwe, tandis que le Royaume-Uni et les Etats-Unis se sont montrés très critiques de son régime “autocratique” selon Londres.
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Robert Mugabe a “trahi les espoirs de son peuple”, a affirmé Washington, dénonçant “ses violations des droits humains et sa mauvaise gestion économique qui a appauvri des millions” de Zimbabwéens.
Robert Mugabe avait pris les rênes de l’ex-Rhodésie, devenue indépendante, en 1980. Pendant son règne de trente-sept ans, l’un des plus longs sur le continent africain, il est passé du statut de père de l’indépendance et ami de l’Occident à celui de tyran qui a provoqué l’effondrement économique de son pays.
A sa chute en novembre 2017, sous la pression de l’armée, de son parti et de la rue, il a laissé un pays à l‘économie exsangue, où le chômage dépasse les 90%.
Pour Amnesty international, “tout en se présentant comme le libérateur du Zimbabwe, Robert Mugabe a infligé des dommages durables à son peuple”.
“Mugabe laisse un héritage mitigé”, a résumé à l’AFP un analyste zimbabwéen indépendant, Austin Chakaodza. “Il fut le libérateur de ce pays puis son destructeur. Il a mis en place des politiques qui ont fait du Zimbabwe la risée du monde”.