Cameroun: un projet de loi pour freiner la dangereuse montée du tribalisme

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Le 14/11/2019 à 14h04, mis à jour le 14/11/2019 à 14h07

La crise anglophone et l’élection présidentielle d’octobre 2018 ont vu la résurgence du discours ethnique et le regain du tribalisme au sein de l’opinion publique. Face à la montée des replis identitaires, le gouvernement met sur pied un cadre juridiques de sanctions des dérives tribales.

La crise sociopolitique et sécuritaire dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, notamment la contestation née au lendemain de ce scrutin, ont vu la résurgence du discours ethnique et le regain du tribalisme au sein de l’opinion publique au Cameroun, pays qui compte plus de 241 ethnies. Aujourd’hui, deux camps s’affrontent.

D’un côté, les «Sardinards», nom donné aux partisans du parti au pouvoir (RDPC) et de l’autre, les «Tontinards», en référence à l’opposition, notamment les sympathisants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto. Les attaques à caractère tribale des partisans des deux camps ont été parfois très limites.

Sur les réseaux sociaux, dans les conversations et même dans les médias, les appels à la haine se multiplient, mettant à mal l’unité nationale et «le vivre-ensemble» prôné par les pouvoirs publics.

Malgré la solidarité qui s’est créée suite à l’éboulement de Bafoussam qui a officiellement fait 43 morts dans la région de l’Ouest, certains Camerounais n’ont pas manqué de briser cette chaîne notamment par des propos jugés tendancieux sur les réseaux sociaux, se réjouissant, à visage découvert, du malheur qui frappe «les Bamiléké», peuple représentant la majorité de la population dans la région de l’Ouest où a eu lieu le drame.

Face à la montée des replis identitaires, le gouvernement a décidé de mettre sur pied un cadre réglementaire en vue de combattre le tribalisme. D’où le projet de loi y relatif déposé ce mercredi 13 novembre à l’Assemblée nationale, dont les travaux de la 3e session ordinaire de l’année législative 2019 se sont ouverts mardi à Yaoundé, la capitale.

Le but est «de décourager la montée des discours haineux à caractère tribaliste et communautaire dans l’espace public, particulièrement dans les réseaux sociaux, qui mettent en péril la paix, la sécurité et la cohésion nationales».

Aussi, pourrait être puni d’un emprisonnement d’un à deux ans et d’une amende de 300.000 à 3 millions de francs CFA, celui qui tient des discours de haine ou procède aux incitations à la violence contre des personnes en raison de leur appartenance tribale ou ethnique. A noter que jusqu’ici, le Code pénal camerounais ne punissait que les outrages aux races et aux religions.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 14/11/2019 à 14h04, mis à jour le 14/11/2019 à 14h07