Cameroun. Coronavirus: ces échéances qui font craindre une deuxième vague

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Le 20/09/2020 à 09h36, mis à jour le 20/09/2020 à 17h04

Alors que la pandémie présente des signes de ralentissement dans le pays, les autorités appellent la population à la vigilance quant à la survenue d’une résurgence, compte tenu notamment du calendrier socio-politique.

Cela ne se voit plus trop forcément dans la rue et dans les habitudes de la population, mais le coronavirus (Covid-19) sévit toujours au Cameroun. Le pays, selon les dernières données épidémiologique du ministère de la Santé publique, a franchi la barre des 20.000 cas de contamination.

Cependant, d'un sentiment de psychose des habitants en mars dernier, le Covid-19 n’inspire désormais pratiquement plus que de l’indifférence. Le taux de rémission des patients avoisine les 95%, et les populations négligent de plus en plus l’application des gestes barrières. Pourtant, les autorités locales craignent une deuxième vague de la maladie et ne cessent de sensibiliser sur le sujet. Une crainte alimentée notamment par l’arrivée de certaines échéances à court et moyen terme.

«Le risque de survenue d’une nouvelle flambée demeure, au vu des futures échéances qui favoriseront la multiplication des interactions sociales, entre autres, les rentrées scolaire et académique, la réouverture des frontières, les élections des conseillers régionaux, ainsi que les compétitions sportives», déclare le Dr Fanne Mahamat Ousmane, directeur de la promotion de la santé au ministère de la Santé publique et Incident Manager adjoint au Centre des opérations des urgences de santé publiques (COUSP).

A brève échéance, il y a la rentrée scolaire et universitaire prévues respectivement les 5 et le 15 octobre 2020. Les autorités planchent toujours sur la bonne formulation pour adapter la scolarisation de millions d’élèves et étudiants au contexte sanitaire actuel.

Dans l’enseignement primaire et secondaire, on semble s’orienter vers un système de mi-temps, avec des classes limitées à 50 apprenants. Cependant, toutes les contraintes liées à ces ajustements n'ont pas encore été levées.

Sur un plan sportif, les fédérations sportives nationales devraient reprendre d’ici peu leurs activités, notamment, les championnats professionnels de football d’Elite 1 et 2 devraient démarrer en octobre prochain, dans la perspective du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) que le pays organise en 2021. Les autorités n’ont toujours pas précisé si les matches se joueront avec ou sans spectateurs. Idem en ce qui concerne le CHAN.

«Qu’il soit clair pour toutes et pour tous que la maladie, bien que maîtrisée, n’est ni vaincue, ni terminée, bien au contraire. Le risque de résurgence est plus proche de nous, ce d’autant plus que bon nombre de pays avec lesquels nous entretenons des liens commerciaux et diplomatiques directs connaissent une montée fulgurante du nombre de cas positifs au cours des dernières semaines», précise le Pr. Louis Richard Njock, secrétaire général au ministère de la Santé publique.

«Si des mesures strictes, voire contraignantes ne sont pas observées, une reprise de la contamination peut surgir à tout moment. Naturellement, cette résurgence de la maladie ruinerait nos efforts collectifs ainsi que les lourds sacrifices consentis jusqu’ici, et nous condamnerait à tout recommencer. Notre système de santé pourrait cette fois subir des dégâts très importants, tout autant que les autres secteurs de la vie économique et sociale», ajoute-t-il.

C'est d’ailleurs dans cette optique que l’activité de sensibilisation, d’éducation et d’information devra connaître une intensification particulière avec l’engagement communautaire et la mobilisation des leaders, indiquent les autorités sanitaires.

Autre échéance qui suscite diverses inquiétudes, les élections régionales du 6 décembre prochain. Un scrutin qui sera précédé de la campagne électorale, avec les bains de foule attendus et qui devraient faire exploser la jauge de 50 personnes autorisées dans tout rassemblement.

Par ailleurs, les autorités craignent les divers rassemblements organisés en marge du scrutin, notamment par des formations politiques contestataires, à l’image des marches «pacifiques» prévues par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de l’opposant Maurice Kamto le 22 septembre prochain. Selon le ministère de la Santé publique, ces appels à manifester violent les mesures sanitaires mises en place.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 20/09/2020 à 09h36, mis à jour le 20/09/2020 à 17h04