Comme pratiquement partout en Afrique de l'Ouest, les relations homosexuelles sont interdites au Ghana, mais ici personne n’a jamais été poursuivi sous cette loi. Cependant, les personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, et intersexes) n'ont pas droit de cité dans le pays.
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Celle-ci prévoit notamment de criminaliser la défense des droits des personnes LGBT+, une obligation de dénoncer "des suspects" ou encore la promotion des thérapies de conversion et l’imposition de peines de prison plus lourdes pour condamner l'homosexualité.Si le texte était adopté par le parlement, le président Nana Akufo-Addo pourrait soit le promulguer soit mettre son veto.La communauté internationale et les défenseurs des droits ont largement condamné cette proposition de loi, soumise au parlement par sept députés de l'opposition et un député du parti présidentiel."Adopter cette loi dans sa forme actuelle ou même partielle reviendrait à violer un nombre important de droits humains, notamment l’interdiction absolue de la torture", s’est indigné un groupe d’experts de l’ONU dans un communiqué."Cela ne criminalisera pas seulement les personnes LGBTI (Lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexes), mais aussi tous ceux qui soutiennent les droits humains ou leur montrent de la sympathie", ont-ils ajouté.Mais selon les analystes et les diplomates, il sera difficile pour le président de s'opposer au texte, tant cette proposition de loi est populaire au Ghana.Environ 90% des Ghanéens affirment être en faveur d’une loi criminalisant les relations entre personnes de même sexe, selon un sondage du groupe de recherche Afrobarometer en 2014."Le parti de l’opposition utilise cette proposition de loi comme une tactique politique pour obliger le gouvernement actuel à prendre position", affirme la chercheuse à Human Rights Watch (HRW) Wendy Isaack.
- Une réforme conforme aux réalités africaines
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Mais avec cette loi, cet ancien avocat des droits humains, qui a étudié en Grande-Bretagne, se trouve en porte-à-faux."Il est évident que le président n'est pas emballé par cette réforme, mais c'est une question délicate, du fait de l’opinion générale", affirme un diplomate occidental qui souhaite garder l'anonymat.Malgré le fait que 90% des ghanéens interrogés soient favorables à cette loi, pour les diplomates étrangers, décidément déconnectés de la réalité africaine, il s'agit d'une proposition de loi "démagogique". "L’opposition a un tapis rouge pour aller surfer sur cette vague là et faire un projet de loi particulièrement démagogique", renchérit l'un d'eux.Les parlementaires en faveur de ce texte affirment que l’homosexualité est étrangère à la culture ghanéenne et à celle du continent africain."Nous avons besoin de protéger nos enfants qui sont la cible de ces personnes LGBTQ+ leur faisant croire qu’il s’agit d’un nouveau mode de vie", affirme l’un de ses promoteurs Samuel Nartey George.Ce débat intervient au moment où le président tente d'attirer les Afro-Américains et les Ghanéens de la diaspora pour qu'ils s’installent dans le pays.Réputé pour sa stabilité démocratique et le respect des droits, le Ghana a réussi à faire venir des entreprises comme Twitter dans le pays, qui a récemment affirmé y ouvrir prochainement son premier bureau en Afrique."Si nous sommes tant applaudis, ce n’est pas pour rien, mais bien parce que nous sommes une société libre", souligne Henri Kwasi Prempeh, directeur du Ghana Center for Democratic Development.
Les lobbies espèrent peser de leur poids
"Peu de gens pensent que le président signera cette loi", affirme Danny Bediako, directeur de l’ONG Rightify Ghana. "Mais c’est compliqué car les institutions religieuses sont très puissantes".En adoptant ce texte, le Ghana suivrait le même chemin que le Nigeria et l’Ouganda pour éviter que l'occident impose sa culture et son mode de vie aux pays du continent.
Pour le moment, rien que par cette proposition, les Ghanéens montrent leur attachement à leurs valeurs culturelles et de sociales, mais les lobbys LGBT sont à pied d'oeuvre pour convaincre le président Nana Akufu Addo de ne pas le signer.