L'Afrique du Sud est épisodiquement en proie à des flambées xénophobes. Soixante-deux personnes ont été tuées dans des émeutes en 2008. De violents heurts ont fait sept morts en 2015 et au moins douze en 2019.
Depuis janvier, un mouvement baptisé "Opération Dudula" ("refouler" en zoulou), qui ne rassemblait encore que quelques centaines de manifestants le week-end dernier, monte en puissance. Sa principale revendication est que les emplois non qualifiés occupés par des étrangers doivent être "rendus" aux Sud-Africains.
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Munis de drapeaux nationaux et de bâtons, le groupe d'hommes et de femmes noirs a une nouvelle fois exprimé samedi son "ras-le-bol des étrangers", cette fois dans les rues de Hillbrow, un quartier déshérité de Johannesburg connu pour abriter de nombreux migrants dans des squats accaparés par des marchands de sommeil.
"Nous sommes ici pour reprendre notre pays, notre espace est occupé par les étrangers", a lancé Bhekani Thusi, 38 ans.
Les habitants du quartier surpeuplé, agglutinés sur les trottoirs et les balcons, ont regardé passer le cortège, échangeant parfois des insultes. "Rentre dans ton pays", a lancé une manifestante à un groupe d'hommes au pied d'un immeuble. "On est en Afrique ici, ma sœur", a rétorqué un homme dans une atmosphère tendue.
Le rassemblement était encadré par une forte présence policière. Un officier sur le terrain a affirmé à l'AFP que "la situation reste jusqu'ici sous contrôle". Les magasins avaient baissé leurs rideaux de fer. Lors des précédentes émeutes xénophobes, des attaques avaient visé les commerces tenus par des étrangers.
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"Nous ne sommes pas des criminels", a lancé le leader du mouvement anti-migrant qui se dit pacifiste, Nhlanhla Lux Dlamini. La trentaine, vêtu de son habituel treillis militaire et gilet pare-balles, il a expliqué vouloir "défendre l'avenir des Sud-Africains". Le cortège s'est rendu dans plusieurs magasins pour exiger que les employés étrangers soient licenciés.
L'Afrique du Sud compte 3,95 millions d'étrangers, selon les statistiques officielles, sur une population de près de 60 millions dont la moitié vit en-dessous du seuil de pauvreté.
La première puissance industrielle du continent, qui lutte avec 35% de taux de chômage, attire toutefois de nombreux migrants économiques venus d'Afrique.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a mis en garde cette semaine contre des "rassemblements essayant de fomenter des sentiments et attitudes négatives" à l'égard des étrangers.