Côte d’Ivoire: PDCI, guerre ouverte entre pro et anti-RHDP à la veille d'une réunion du Bureau politique

Alassane Ouattara, président ivoirien, et Henry Konan Bédié, président du PDCI.

Alassane Ouattara, président ivoirien, et Henry Konan Bédié, président du PDCI.. DR

Le 12/06/2018 à 15h38, mis à jour le 12/06/2018 à 15h40

Alors qu'une réunion du Bureau politique du PDCI doit se tenir ce 17 juin prochain, l’ex-parti unique est plus que jamais divisé entre pro et anti Rassemblement des Houphêtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition au pouvoir soupçonnée de vouloir faire le lit du 3e mandat de Ouattara.

«Ceux qui défendent la cause du parti unifié (RHDP, ndlr) ont vendu jusqu’à leur âme». Cette phrase plus que désobligeante est celle de Jean-Louis Billon. Au cours d’un meeting animé ce samedi à Soubré, au sud-est du pays, le secrétaire général du PDCI -Parti démocratique de Côte d'Ivoire- en charge de la propagande a fustigé les membres du parti, ministres et hauts cadres de l’administration, qui soutiennent vaille que vaille l’adhésion au RHDP, perçu comme une menace pour le parti.

«Ceux qui défendent éperdument la cause du parti unifié (…) se sont vendus et ont été achetés. (…) Ils ont vendu jusqu’à leur âme, ils n’ont plus rien à perdre» a insisté Jean-Louis Billon. «Au contraire, ils défendent des intérêts personnels, particuliers, des postes. (…) Dites-leur que la Côte d’Ivoire n’a pas besoin de parti unifié, mais d’une Côte d’Ivoire réunifiée», a soutenu l’ex-ministre, éjecté du gouvernement en janvier 2017, qui reste une des figures du parti opposé au RHDP.

Ces propos-chocs donnent une idée du malaise au sein de l’ex-parti unique à quelques jours de la réunion du Bureau politique du 17 juin prochain, lieu de rencontre de tous les dignitaires du parti qui doit normalement se pencher sur l’adhésion du PDCI au RHDP.

D’un autre côté, le vice-président ivoirien, accompagné des cadres du parti membre du gouvernement, tente de rallier les militants à la cause du RHDP. Après Abengourou, dans l’est du pays, il y a une semaine, c’était au tour de la ville de Grand-Bassam, dans le Sud-est ivoirien, ce samedi. Devant un auditoire, composé de responsables du parti dans la région, Kablan Duncan a évoqué la nécessité de faire confiance au duo Konan Bédié-Alassane Ouattara, dans un contexte où la rumeur d’un refroidissement entre les deux hommes se fait persistante. Jurant ne vouloir que «l’intérêt supérieur du pays», il soutient que le RHDP va «consolider et renforcer les bases de la stabilité et de la paix» dans le pays. Et Kablan Duncan de qualifier de «fake news», les propos tendant à s’opposer à cette alliance politique.

Accusée de vouloir continuer à bénéficier des bonnes grâces du régime actuel, cette tendance du PDCI a peut-être vu ses motivations dévoilées par Jean Claude Kouassi, l’actuel ministre en charge de l’Emploi qui tenait un meeting également ce samedi à Bouaké, capitale de la région administrative du Gbêkê (centre du pays).

«Si nous voulons que nos fils, nos sœurs, nos frères bénéficient des différentes promotions dans l’administration ivoirienne, il faut que ce soit le RHDP qui soit élu dans toutes les élections ici dans le Gbêkê, a-t-il affirmé, cité par le site d’information L’Infodrome.ci. Et de poursuivre: «si la Constitution le permet et que les conditions l’exigent, c’est nous ici à Bouaké qui allons être les premiers à demander à Alassane Ouattara de faire un troisième mandat (…) et la Constitution le permet».

Des propos qui ne vont pas manquer de susciter la polémique venant d’un des leaders en vue du PDCI. Et déjà, certains observateurs estiment que le RHDP ne sera en réalité qu’une machine électorale au service du troisième mandat d’Alassane Ouattara. La question reste de savoir si ce sera avec la bénédiction du PDCI ou pas.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 12/06/2018 à 15h38, mis à jour le 12/06/2018 à 15h40