Côte d’Ivoire: un «brouteur» pirate le compte mail d’un général de l’armée française

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Le 27/04/2017 à 13h46, mis à jour le 27/04/2017 à 13h50

Un cybercriminel ivoirien ayant piraté le compte d’un général français vient de tomber dans les filets de la police ivoirienne. Un cas qui démontre que les «brouteurs» sont plus téméraires que l'on pourrait l'imaginer.

Le Parquet d'Abidjan devra décider du sort de Yao Yao Joseph qui a été mis à sa disposition par la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC), une unité spécialisée de la police ivoirienne. Il est reproché au mis en cause d’avoir piraté le compte mail d'un général d'armée de l'armée française et d'avoir usurpé son identité.

Le pirate a envoyé des messages à tous les correspondants dudit général et les a redirigés vers une nouvelle adresse mail prétextant un problème sur la précédente.

Suite à une plainte déposée en France, les investigations ont révélé que l'origine du problème se trouvait en Côte d'Ivoire. Grâce à la coopération policière, les autorités ivoiriennes ont été saisies pour poursuivre l'enquête. Et c’est le LCN (Laboratoire de la criminalistique numérique) de la PLCC qui a découvert que la nouvelle adresse appartenait a un pirate ivoirien. Les recherches des unités de la PLCC ont permis d'arrêter le cybercriminel.

Lors de son audition, ce dernier à tout nier en bloc. A la question de savoir comment son numéro était associé au faux compte du général, il n'a pas su quoi répondre.

Il peut être poursuivi pour intrusion et spoliation de compte mail, utilisation frauduleuse d'éléments d'identification de personne physique sur internet.

Reste à savoir à quoi pouvait servir le mail du général français? «C’est généralement le même coup classique, la technique est simple: prétexter d’une mission urgente à l’étranger, dire qu'on n'a plus de liquidité sur place après avoir égaré sa carte de paiement et demander en urgence un transfert d’argent. Ça marche, les correspondants ne se doutant de rien», avance une source policière. Toutefois, les cyberdélinquants ont plus d’un tour dans leur sac.

En septembre dernier, deux individus, Habib Hussein et Ahmed Zarroud, membres d’un réseau basé au Ghana voisin, avaient réussi à pirater le compte d’un général de l’armée soudanaise. Ils avaient alors contacté un patron d’entreprise à Abidjan aux fins de financer le transfert vers Hong Kong de 8 mallettes contenant la somme de 160 millions de dollars. Ce dernier, qui devait débourser 60.000 dollars avec la promesse d’une généreuse rétribution, avait finalement eu la bonne idée d’alerter la PLCC, permettant l'arrestation des criminels. Depuis la création du PLCC en 2012, la Côte d’Ivoire a pris à bras le corps la lutte contre un phénomène qui continue de profiter de l’ignorance ou de l’avidité de bien de gens. En 2016, selon les chiffres officiels, ce sont 2.067 affaires liées à la cybercriminalité que la police ivoirienne a traitées soit 586 de plus qu’en 2015. Une hausse expliquée par l’«intensification» de la traque contre les cyberdélinquants. Le préjudice reste toutefois stable, à 400 millions de francs CFA, soit environ 610.000 euros, signe qu’il est de plus en plus difficile d’organiser des transferts frauduleux. 

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 27/04/2017 à 13h46, mis à jour le 27/04/2017 à 13h50