Côte d'Ivoire: vendeurs et consommateurs de bière «saoulés» par la hausse des prix

VidéoEn Côte d’Ivoire, après la période faste des fêtes de fin d'année, les deux brasseries du pays ont procédé à une hausse des prix de la bière. Une augmentation qui n'est pas du goût des consommateurs et affecte les activités des vendeurs de boissons.

Le 24/01/2022 à 10h20

En Côte d’Ivoire, et surtout à Abidjan, la capitale économique, la hausse, début janvier 2022 du prix de la bière de 10 à 25% occasionne déjà la mévente chez certains distributeurs, tenanciers de maquis, bars et restaurants. Cette entreprise, par exemple, évolue depuis 1996 comme super grossiste et livre différents types de boissons à 200 clients dans le pays grâce à 18 succursales. Ici, la nouvelle tarification de casier de boissons est en vigueur. Pour ne donner que ces exemples, le casier de la bière Bock 65 cl est passé de 5000 à 5700 fcfa, la bock 33 cl est désormais à 6800 fcfa, la doppel 33 cl et la doppel 65 cl sont respectivement à 7000 et 5800 fcfa. Ces nouveaux prix pratiqués impactent négativement les ventes de l'entreprise car elles ont baissé de 40%, selon le directeur.

«Depuis l’augmentation, nous n’avons que rarement la visite de nos clients. Celui qui avait l’habitude de prendre 10 casiers ne prend désormais que 5 ou 6. Et si nous assistons encore à une nouvelle augmentation de prix qui suivrait celle que nous connaissons actuellement alors là ça sonnera la mort de notre activité», commente Lucas Aney Assalé, directeur de la société de commercialisation de boissons.

La même morosité est palpable dans plusieurs maquis de Yopougon, la plus grande commune d’Abidjan et du pays. Ses espaces récréatifs bondés de monde, surtout durant les week-end, sont désormais fréquentés au compte-gouttes par les clients. En cause: l’augmentation du prix de la bière. Il faut aujourd'hui débourser 600 fcfa pour consommer une bouteille de bière bock 65 cl alors qu’auparavant il fallait payer juste 500 fcfa. En 2021, avec 1000 fcfa, les consommateurs avaient droit à 3 bouteilles de bock 33 cl mais actuellement il faut débourser 1200 fcfa pour avoir le même privilège. Une situation inconfortable pour les clients et les tenanciers de maquis.

«L’augmentation fait que je ne peux pas boire 3 à 4 bouteilles de bière. Désormais, je ne me contente que de deux bouteilles. Il faut souligner que les salaires n’augmentent pas mais les produits sur le marché connaissent des hausses de prix à tout moment. Il faut que les dirigeants fassent un effort pour la baisse des prix», affirme Alice Houssou, coiffeuse et consommatrice de bière.

«Actuellement où je vous parle, à cause de cette augmentation, je n’arrive même pas à écouler 5 à 6 casiers et pourtant les taxes de l’Etat sont énormes et si rien n’est fait nous sommes les grands perdants de la situation», déclare Zébo, un tenancier de maquis

Selon les responsables de la Solibra, la première et la plus grande brasserie du pays, cette augmentation est due, entre autres, à la hausse de 15 à 33% des prix des principales matières premières de la bière (Malt, maïs, Houblon), à l'augmentation de 40 à 100% des coûts du transport maritime des containers et à la hausse de 50% des charges d'exploitation composées de salaire, formation et de taxes. Des explications diversement appréciées par l'opinion publique.

«Je pense que cette situation, c'est-à-dire l’augmentation, est fâcheuse parce qu’elle intervient juste en janvier, un mois de conjoncture et un mois très difficile financièrement», déplore Hermann Zago, courtier en assurance et consommateur de la bière.

«On a besoin aujourd’hui que les prix soient relativement abordables afin que nous ayons beaucoup de clients pour faire grandir, évoluer et fructifier nos activités et entreprises», suggère Jean Charles, propriétaire de maquis.

Notons que la Côte d’Ivoire compte deux brasseries en 2022. Il s’agit de Solibra et de Brassivoire. Les deux ont procédé à l'augmentation des prix de la bière. On estime à près d’un million les personnes qui distribuent, vendent et servent la bière dans le pays.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 24/01/2022 à 10h20