«Je suis un malade qui ne s’ignore pas» ainsi se définit Raphaël Misère-Kouka, pour qui, l’écriture est une thérapie, un baromètre sociétal. Né en 1957 au Congo Brazzaville, il est dès l’âge de 15 ans influencé par les poètes comme Victor Hugo, Lamartine, Aimé Césaire ou encore Léopold Sédar Senghor.
Auteur d’une immense œuvre, on lui doit L’Afrique au cœur ou Loupitude, un ouvrage sous forme d’hymne poignant à la misère, un cri de douleur qui vient d’un cœur meurtri.
Des poèmes qui résonnent en écho, comme un chant funèbre. Avec les mots de tous les jours, Raphaël Misère-Kouka a su jeter un regard personnel sur la réalité affligeante de l’Afrique.
Comme Jacques Prévert, il fait recours à la poésie du quotidien, pour livrer au lecteur une actualité scandaleuse, celle d’un continent inexorablement enlisé, mal conduit par les «tribaloprofitosituationnistes»
Malgré le succès de ses publications, Raphaël se heurte aux mêmes difficultés que ses collègues écrivains. Car au Gabon, comme un peu partout ailleurs en Afrique subsaharienne francophone, l’achat d’ouvrages ne concerne qu’une classe sociale aisée, une bourgeoisie qui se développe, des étudiants mais aussi des expatriés.
Et pour le reste ? Les acheteurs se limitent aux manuels scolaires, leur priorité «le manque de culture du livre pour un grande partie du public encore tourné vers l’oralité, l’absence de maison d’édition, le manque de volonté politique pour le promouvoir» déclare, Raphaël Misère-Kouka.
Des difficultés liées à l’émergence d’une véritable industrie du livre africain, que l’enseignant d’anglais à la retraite, a su dompter au fil du temps.
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L’écriture de Misère-Kouka, c’est d’abord et surtout une excessive transparence, une transparence totale qui ne laisse subsister ni ombre, ni reflet. À l’instar de ses pairs africains, l’auteur se ressource dans la parole africaine traditionnelle.
Avec l’ouvrage Anthologie des poètes gabonais d’expression française, publié en 2003 aux éditions L’Harmattan, Raphaël fait son entrée dans le gotha des lauréats de l’académie des sciences, belles lettres et arts de Marseille.
«C’est un couronnement mais qui revient avant tout aux poètes gabonais dont je n’ai servi que de passerelle» dit-il, avec modestie. L’infatigable sexagénaire a soutenu, en juin dernier, et avec succès sa thèse de doctorat en langues, littératures et civilisations, à l’Université de Lorraine en France. Un travail qui a porté sur les «Traditions ésotériques et discours religieux dans la poésie francophone gabonaise (à propos des œuvres de Marina Ondo, d’Éric Joël Békalé et de Quentin Ben Mongaryas)».