MASA 2024: le Marocain Karim Troussi sensibilise aux dangers de l’intelligence artificielle

Le 21/04/2024 à 18h14

VidéoSupprimer les données superflues et faire le tri de celles à conserver sur internet pourraient contribuer à réduire les gaz à effet de serre et réguler les effets du réchauffement climatique. C’est à cette prise de conscience que veut amener le spectacle «Empreinte (s)» co-mis en scène par le Marocain Karim Troussi et Geneviève Pelletier (Canada), et qui a captivé l’attention des spectateurs présents au Marché des arts et spectacles africains d’Abidjan (Masa) 2024.

Dans un monde où l’urgence climatique est devenue une réalité incontestable, chaque aptitude compte dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Parmi les outils technologiques à notre disposition, l’Intelligence Artificielle (IA) se profile comme une ressource puissante, mais son utilisation intensive peut également avoir un impact écologique significatif.

Toutefois, une solution émerge. La suppression des données superflues dans les IA. Une démarche qui pourrait contribuer de manière significative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la préservation de notre planète.

«Avec Empreinte(s) nous voulions envisager un autre futur en posant la question «Que voulons-nous léguer à l’humanité?». L’idée était de réinterroger la question du choix, en particulier à travers le prisme des nouvelles technologies. Nous voulions décortiquer l’intelligence artificielle, qui choisit si souvent à notre place, pour comprendre qui choisit vraiment et quelles sont les idées qui sous-tendent ces choix», explique Karim Troussi, metteur en scène de la pièce.

Et le directeur artistique de la biennale Caracena du Maroc de conclure: «(…) il faut absolument réduire le contenu numérique mondial de 70%. A force de stocker à profusion du fait de la disponibilité d’espace de stockage, l’on ne se pose plus de question de l’utile et de l’inutile...».

Du spectacle

Alors que des évènements climatiques mondiaux empêchent les membres de la Société internationale du numérique (SIN), une agence fictive de l’ONU, de se réunir à Conakry pour la finalisation et le lancement d’un programme dénommé «Enlil» (des bots chargés de nettoyer Internet), Scott, le programmeur en chef du projet, reçoit la mission de finaliser seul le programme. Cependant, des restrictions de sécurité l’obligent à s’adjoindre les services de Koumba, une femme de ménage locale, et Hervé, un Français en voyage d’affaires. A terme, les difficultés auxquelles ils étaient confrontés les contraignent à la suppression d’une quantité importante de données stockées dans l’IA, car la catastrophe survenue serait causée par un excès de données enregistrées dont certaines sont superflues et qui n’ont pas lieu d’être conservées.

C’est à juste titre que Touré Aminata (Koumbia dans la pièce) suggère à tous de «commercer à réduire les données de nos téléphones en supprimant les images, photos, vidéos, messages. Essayez également d’être au minimum sur les téléphones... ces données stockées en grandes quantités participent du réchauffement climatique», recommande la metteuse en scène.

De plus, la réduction des données superflues stockées ne se limite pas à la lutte contre le réchauffement climatique, elle contribue également à renforcer la confidentialité des données en limitant la quantité d’informations personnelles stockées et traitées.

Que peut-on transmettre à l’humanité en tant qu’individu? Que devient la transmission dans un monde numérique où la plupart des choix dépendent d’une intelligence artificielle (IA)? En est-on encore capable de choisir la perte et faire du tri dans les données? Ce sont, entre autres, autant de préoccupations qui se sont murées en spectacle, présenté au grand bonheur du public à Abidjan lors de cette 13ème édition du MASA.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 21/04/2024 à 18h14