Dans les marchés de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, les commerçants vivent une situation stressante avec la coïncidence du Carême chrétien et du Ramadan musulman, deux périodes de jeûne et de recueillement pour environ 76% de la population. Cette conjoncture particulière a des répercussions sur les activités économiques, notamment pour les commerçants.
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Au marché de Treichville, les témoignages ne manquent pas. Deux semaines après, les clients ont déserté les lieux comme en témoignent les commerçants. «Avant les jeûnes chrétien et musulman, les clients affluaient. N’importe quel passant pouvait être un client, ils venaient s’acheter des fruits. Mais depuis le début du carême et du Ramadan, rien ne va», relate Téha Angèle, commerçante de fruits.
Même réalité chez Mohamed Alassane, vendeur d’articles vestimentaires. Son commerce connaît une baisse d’affluence depuis le début du carême. Les clients limitent leurs achats, ce qui impacte directement ses ventes journalières.
Un peu plus loin, à la Rue 12, Avenue 21 de la même commune, Kouadio Félix est gérant dans un magasin spécialisé dans la commercialisation de caftans, de babouches, de boubous marocains. Lui également ne dit pas le contraire. «Quand le carême commence, tout devient calme chez nous, c’est à peine qu’on parvient à écouler nos stocks. On espère qu’après le Ramadan, tout reviendra dans l’ordre», a-t-il exprimé.
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À cela vient s’ajouter l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Viande, riz, sucre, farine, fruits et légumes... sont en ce moment les produits alimentaires les plus recherchés dans les marchés de la ville. Et plus la demande est forte et plus les prix augmentent, ce qui n’arrange pas les affaires des consommateurs qui voient leur pouvoir d’achat affecté.
Les grossistes accusent les transporteurs d’avoir augmenté les tarifs, répercutant ainsi ces coûts sur les détaillants et, in fine, sur les consommateurs. Madame Koffi Alice, cliente régulière du marché, exprime son mécontentement: «Les commerçants profitent de la moindre occasion pour abuser des consommateurs. Les clémentine dont le kilo était à 1000 fcfa, est aujourd’hui passé à 1500 fcfa, 2000 fcfa chez d’autres. Où allons-nous ?».
Cependant de l’autre côté, les vendeuses d’aliments servant à la rupture du jeûne, elles se frottent plutôt les mains.
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«Les fidèles ont besoins des gnômi et sosso-gnômi que nous vendons pour la rupture du jeûne, ce qui fait qu’on ne manque pas de clients ces temps-ci contrairement à l’avant carême», se réjouit Awa Coulibaly, vendeuse de beigné à Yopougon.
En dépit des difficultés actuelles, les uns et les autres restent résilients. Chacun espère que la fin des périodes de jeûne marquera un regain des activités et ainsi qu’une stabilisation des prix. En attendant, il importe de serrer les coudes et espérer l’intervention des autorités pour atténuer les effets de cette conjoncture exceptionnelle.