Doing business Ghana-Etats-Unis : transparence et concurrence équitable au cœur des préoccupations des investisseurs

M. Kobina Tahir Hammond, ministre ghanéen du Commerce et de l’Industrie (au centre)

Le 28/04/2024 à 13h48

Le Ghana fait face à divers défis économiques qui ont été récemment mis en lumière lors de la réunion entre le ministre ghanéen du Commerce et de l’Industrie et la Chambre de commerce américaine. L’endettement du pays, la transparence fiscale, l’incertitude réglementaire, l’attraction des investissements et le déploiement du réseau 5G sont autant de sujets qui ont nécessité une attention particulière.

Lors d’une récente visite officielle à Washington D.C., le ministre ghanéen du Commerce et de l’Industrie, M. Kobina Tahir Hammond, a rencontré des représentants de la Chambre de commerce américaine. Cette réunion a permis de soulever des préoccupations cruciales concernant l’environnement des affaires au Ghana, offrant ainsi une perspective éclairante sur les défis auxquels le pays est confronté dans sa quête de développement économique et industriel.

Un des points centraux soulevés par les investisseurs américains concerne l’endettement du gouvernement envers les entreprises privées. Cette situation met en évidence les tensions potentielles entre les objectifs de développement économique du Ghana et la nécessité de maintenir un climat d’investissement favorable. Un endettement excessif pourrait dissuader les investisseurs étrangers, limitant ainsi les flux de capitaux indispensables à la croissance.

Des allégations de harcèlement fiscal et d’évaluations fiscales injustes soulèvent également des interrogations quant à la transparence et à l’équité du système fiscal ghanéen. Un environnement réglementaire imprévisible et opaque pourrait entraver les investissements étrangers directs (IDE), pourtant cruciaux pour stimuler l’industrialisation et la création d’emplois.

Autre préoccupation des représentants de la Chambre de commerce américaine : le manque de clarté concernant le projet de loi sur les restrictions à l’importation et à l’exportation. Pour les interlocuteurs américains, cela soulève des inquiétudes supplémentaires auxquelles, « il est essentiel que le gouvernement fournisse des directives claires et prévisibles pour éviter toute incertitude réglementaire susceptible de décourager les investisseurs potentiels ».

Le déploiement du réseau 5G, un élément clé de la transformation numérique, a également été remis en question en raison d’un manque présumé de transparence dans les appels d’offres. Les investisseurs américains craignent que des procédures opaques ne conduisent à des distorsions du marché et à une concurrence déloyale. Face à ces défis, le ministre Hammond a exprimé sa volonté d’examiner de près ces préoccupations et de collaborer avec les parties prenantes pour trouver des solutions.

Expiration prochaine de l’AGOA

Au-delà de ces questions immédiates, le Ghana doit relever des défis de développement plus vastes. L’expiration prochaine de la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA) soulève des inquiétudes quant à l’avenir des échanges commerciaux avec les États-Unis. Ainsi, le ministre a demandé à la Chambre de contribuer à la promotion du renouvellement de la loi, élément crucial pour maintenir l’accès préférentiel au marché américain, un atout majeur pour les exportations ghanéennes.

Dans le même temps, le gouvernement ghanéen a clairement indiqué que l’industrialisation était une priorité stratégique. L’agenda de développement industriel en 10 points, couvrant des secteurs clés tels que la pharmaceutique, la fabrication de composants et l’assemblage de véhicules, témoigne de cette ambition. Cependant, la réussite de cette stratégie dépend de la capacité du Ghana à attirer des investissements étrangers massifs et à mettre en place un environnement réglementaire et infrastructurel favorable.

Le secteur du textile, avec des entreprises comme Dignity DTRT établissant des liens avec des partenaires américains, illustre le potentiel du Ghana en tant que plaque tournante industrielle régionale. Néanmoins, des mesures d’incitation judicieuses et des réformes réglementaires sont nécessaires pour tirer pleinement parti de ces opportunités.

En définitive, le Ghana se trouve à la croisée des chemins. D’un côté, les préoccupations soulevées par les investisseurs américains mettent en évidence les défis immédiats à relever en termes de gouvernance, de transparence et d’équité réglementaire. De l’autre, les ambitions industrielles du pays exigent un environnement d’investissement attractif et des partenariats stratégiques avec des acteurs clés comme les États-Unis.

En naviguant dans cette période charnière, le Ghana devra faire preuve d’une détermination et d’un leadership résolus pour surmonter les défis actuels et saisir les opportunités émergentes.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 28/04/2024 à 13h48