Au fil des jours et des semaines, le plus grand espace commercial de cette ville située dans la région du Sud du Cameroun cherche désespérément des clients. Cette clientèle est essentiellement équato-guinéenne et, dans une moindre mesure, gabonaise. «95% de nos clients viennent de la Guinée équatoriale. Avec les frontières fermées, on ne fait pratiquement plus rien ici au marché. On passe juste le temps pour ne pas rester à la maison», explique Moussa «Orange», commerçant à Kyé-Ossi.
Cette situation est la goutte d’eau qui fait déborder le vase car, selon plusieurs sources locales, ces tracasseries sont antérieures aux nouvelles mesures de sécurité prises par les autorités de Malabo à la veille du scrutin.
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Un contexte particulier qui a vu se créer des voies de contournement à travers la forêt pour faciliter les transactions entre vendeurs camerounais et acheteurs équato-guinéens. «Nous sommes obligés de passer par la brousse. Bien que ce soit interdit, nous sommes obligés de le faire. Si on ne le fait pas, comment allons-nous nourrir nos familles? La vie est dure», se plaint Joawi Mboum, un autre commerçant.
Les tensions transfrontalières sont régulières dans cette ville dite «des trois frontières». Le Cameroun a, de son côté, renforcé le dispositif de protection de ses ressortissants. Ses forces de défense et de sécurité sont en permanence installées sur les différents sites ciblés, multipliant les patrouilles. Pour Messi Bonjou, cette présence militaire camerounaise à Kyé-Ossi rassure les commerçants. «Depuis que nos soldats sont ici, nous nous sentons en sécurité», confie-t-il.
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La Guinée équatoriale a renforcé la sécurité frontalière depuis que les autorités ont annoncé une tentative de coup d’État ratée fin 2017 qui visait à éliminer le président Obiang. Le pays ferme régulièrement ses frontières pour des raisons de sécurité, malgré un accord régional sur la libre circulation des personnes et des biens avec le Cameroun, le Gabon, le Congo, la République centrafricaine et le Tchad.