Guinée: adoption d'une version controversée du code électoral

Cellou Dalein Diallo, président de l'UFDG, et Alpha Condé, président de la Guinée.

Cellou Dalein Diallo, président de l'UFDG, et Alpha Condé, président de la Guinée.. DR

Le 26/02/2017 à 12h12, mis à jour le 26/02/2017 à 12h17

Surprise pour les uns, confirmation pour les autres, une version controversée du code électoral de la Guinée a été adoptée par les deux grands groupes parlementaires du pays. Si ce code modifié survit à la contestation, les maires et chefs de quartier ne seront plus des élus locaux.

Pour l'Union des forces républicaines (UFR), troisième force politique du pays selon les résultats de dernière élection présidentielle, le parti au pouvoir et le principal parti de l'opposition se sont associés pour trahir le peuple. Le groupe parlementaire des Républicains (UFR et alliés) et quelques dissidents des deux groupes parlementaires ont voté contre le Code. Mais ils n'ont pas été à la hauteur du poids des deux géants de la politique en Guinée. "Les citoyens ne vont pas se reconnaître en ces personnes qui leur seront imposées et ça sera source de conflits", prévient la députée Aissata Daffé de l'UFR. "Nous allons encore nous retrouver pour prendre les décisions idoines", a-t-elle indiqué au lendemain de l'adoption dudit Code.

Dès l'adoption du code modifié, Dr Ibrahima Sila Bah, député et membre fondateur du Front pour la défense des droits des citoyens, a annoncé que la Cour constitutionnelle sera saisie. Pour les membres du Front, l'adoption de ce nouveau code est anticonstitutionnelle. "Ce qui se passe aujourd'hui est absolument grave et regrettable. L'UFDG (le principal parti de l'Opposition) et le RPG (parti présidentiel) veulent prendre ce pays en otage", dénonce Sila Bah.

Pour le coordinateur du Front, les grands blocs politiques cherchent uniquement à se partager le pouvoir. Or, s'indigne-t-il, cela ne va pas dans le sens de la promotion de la stabilité. "Aujourd'hui, ils veulent passer par des désignations pour nommer les responsables de districts et des quartiers. ça ne marchera pas!", s'oppose vigoureusement Sila, ancien allié de Cellou Dalein Diallo.

"Nous allons poursuivre nos actions à la Cour constitutionnelle", signale également Sékou Koundouno du mouvement Debout citoyen. Ce mouvement qui s'était donné pour mission de contrer l'adoption du code électoral, doit ruminer son échec. "Nous ne croyons pas avoir échoué, nous avons le soutien d'une grande partie de la population et des intellectuels de ce pays", affirme pourtant Koundouno.

Analyste du site Guineenews, Moise Sidibé est pessimiste quant à une réponse favorable de la Cour constitutionnelle. Voyant en cette adoption la coalition des grands blocs politiques pour affaiblir les petits partis, Moïse prévient qu'aucun recours ne changera quelque chose. "C'est aux autres (contestataires) de savoir s'adapter à la nouvelle donne, au lieu de tempêter dans un verre", estime Moïse Sidibé. L'analyste de Guineenews pense que la myriade de petits partis devrait s'agglutiner autour de l'UFR pour former une troisième coalition pouvant égaler "les deux géants aux pieds d'argile effritée".

"Pour empêcher l'adoption de ce code, il fallait une société civile forte. Or, la Guinée n'en a pas", estime de son côté Mouctar Diallo, un juriste analyste.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 26/02/2017 à 12h12, mis à jour le 26/02/2017 à 12h17